Editions Clairefontaine. Lausanne. 1956. 149 pages.
Les devinettes sont des jeux d'enfants; les grands-mères les leur enseignent à la veillée, et ils les répètent, souvent comme des ritournelles. Une bonne, part d'entre elles ont un but éducatif. Il arrive qu'on les raconte de façon moins concise, qu'on les étoffe : elles deviennent alors de petits contes.
— Je connais quelque chose qui pend, la tête en bas, mais ce qu'il y a dedans ne coule pas. Qu'est-ce que c'est ?
— C'est le pis d'une vache.
— Qu'est-ce qui fait « Kipiti kipèt, kipiti kipèt » ?
— C'est le sabot d'une vache qui marche.
— Qu'est-ce qu'un puits dont l'intérieur est complètement noir ?
— C'est le carquois (le poison des flèches a noirci l'intérieur; on fait ainsi comprendre aux enfants qu'il est aussi dangereux de toucher l'intérieur d'un carquois que de tomber dans un puits ).
— J'ai beaucoup de vaches, mais elles ne soulèvent pas de poussière en marchant.
— Ce sont des fourmis (qui sortent et rentrent, comme les vaches s'en vont au pâturage et reviennent ; c'est souvent à la poussière qu'il soulève qu'on identifie de très loin un troupeau bororodji).
— J'ai beaucoup de vaches, toutes attachées à la même corde.
— C'est un balai (pour apprendre aux enfants qu'on peut bien attacher ensemble les choses qui ne vivent pas, comme les longues herbes sèches qui font un balai, mais qu'on ne doit pas attacher deux veaux à la même corde).
— Je passe, pourquoi me regardes-tu ?
— La porte (qui est toujours ouverte, qui regarde chacun sans ciller, sans détourner cet oeil gênant et qui n'a pas de honte ; on indique ainsi aux enfants qu'ils ne doivent pas regarder les gens qui passent, sinon à la dérobée … ) .
— Un petit caillou a arrêté le fleuve.
— Le nombril (pour apprendre aux enfants qu'ils ne doivent pas jouer avec leur nombril, car ils risqueraient de l'arracher, découvrant un trou par lequel sortirait, comme un fleuve, tout ce qu'ils ont mangé ! )