Né à Lyon le 27 mai 1878, alors que les explorateurs et soldats français commençaient à pénétrer l'Afrique, mort à Paris le 4 juin 1959 au moment où les pays de la Communauté évoluaient vers l'indépendance, Henri Labouret a vu sa vie coïncider avec celle du second Empire colonial de la France. Il a été successivement un soldat conquérant, un administrateur organisant, puis un chercheur mesurant objectivement les perspectives. L'Afrique l'a pris très jeune et absorbé définitivement. De la lignée de ces gouverneurs-ethnologues, les Faidherbe, les Delafosse, que les nécessités de l'action avaient conduits à la science, il a été un des plus grands parmi les africanistes français.
Engagé en 1897 comme simple soldat, il manifestait déjà son originalité en passant des examens, dont une licence en droit. Élève officier en 1907, il devient, en A.O.F., lieutenant aux tirailleurs sénégalais. Au cours des opérations du Haut-Bandama (Côte d'Ivoire) en 1916, il est grièvement blessé. On le détache alors dans des fonctions administratives, en pays Lobi.
Déjà il parle le mandingue et le peul et a occupé ses loisirs à des études d'ethnographie. Les loisirs, il n'en aura guère à la tête de ce cercle de Gaoua où l'anarchie et les flèches empoisonnées ont empêché jusque là tout essai de pacification. Mais Labouret dispose, outre les quelques fusils de sa garde, de ces armes puissantes que sont les sciences humaines. Il apprend les divers dialectes : lobi, birifor, dian ; il s'initie aux coutumes. Ainsi peut-il s'imposer peu à peu comme un arbitre et comme un chef.
En 1918, il est passé dans le corps des administrateurs. Il sert en A.O.F. jusqu'en 1926. Appelé alors en France, sa réputation est déjà telle qu'il succède à Delafosse, qui vient de mourir, à l'École nationale de la France d'Outre-Mer et à l'École des langues orientales vivantes. En 1935 il est mis à la retraite comme gouverneur honoraire. Il ne retournera plus en Afrique que pour des missions temporaires. Jusqu'à sa mort il va se consacrer à son travail scientifique.
Henri Labouret assiste le 1er juillet 1930, à la séance constitutive de la Société des Africanistes. Il est nommé ce jour-là membre du Conseil de la Société et de la Commission de publication. Dès lors, il prendra part à toutes les activités de la Société.
Les africanistes connaissent bien ses œuvres principales :
Il faut y ajouter de nombreux articles de revues, et notamment un plan détaillé de monographie ethnographique qui fut utile à nombre d'entre nous.
Labouret est un observateur pénétrant, sagace, patient, alliant l'observation minutieuse des détails à un esprit critique sans cesse en éveil et à une excellente faculté d'exposition et de synthèse. Les œuvres de cet homme réservé, volontiers caustique, sont faites de sympathie pour l'homme africain, sur lequel il nous a fourni un de ces témoignages qui ne périssent point.