Classiques Africains. Paris. Julliard. 1969. 181 p.
Nde ɓe tilinoo mo, wii: « Haya miɗo nii yalta
kasen Il tinnee ta njawdiri hewta b naata 600
e ley boli saare wommboo yaa na warta. »
Caggal mi ɓe nyaamii, ɓe ŋoyɓiniima.
Njawdi diwi e maɓɓe fa weeyi yawti,
ndi seɓi sellaaji mi boli saare naati.
Nayewel ndomma wartil anni wuundii 605
sifa ndeendi keewndi mafii ko soodi,
ko soodani hoɓɓe muuɗum anni waddi.
Ɓeen maa hoɓɓe njaadiri hono no pooldaa.
Ndomma nayewel wii:
« Kumee tiiɗa, nanngee njawdi pati naata ley boli. 610
Miɗo niima yaha faa hannde tewta hiraande mooɗon. »
Tuma ndomma nayewel yalti, yiɗiraaɓe kala taton
kumii tentilii faa nannga njawdiri ndonkani.
Gori-mbaala diwi faa toowi yawti balaabe ɓee,
ndi sarkii e nder boli jagga dow nay ndi jarwundi. 615
Ndeen ndomma nayewel warti waddi ko nyaametee.
Mo habraa ko yani koo, hoɓɓe makko ɓe kaalni mo.
Ngel wii :
— « Ɗum haawnaaki noon du mi tikkanaali
taton sagataaɓe ndonkuɓe marde ndonto 620
so ndonkii haɗɗe njawdiri heɓde boowal.
Ngaɗiree ngaalla c nyaagortoo-mi tinnee
etoyon manngoyon daabaawa dummbee. »
Taton yiɗiraaɓe landini fa nannga njawdi.
Nde ɓattii ndee ndi waylii wonti ngaari, 625
yo ndii sappoori faa ɗiɗi yowni duuɓi,
luwe muni mawnu noon duu teeŋu seeɓi.
Ndi nyippoy hoore buurani fa'i e maɓɓe.
Kisal ɓe keɓoy ɓe kemroy d teppe gulɗe.
Nii nii ngaari ndil sarkii e saare, 630
ndi hawa gaa noon ndi hawa too limna e yimɓe
kanyum du e kuɗɗe endi mi towni hoore,
Notes
a. Se dit également hasin dans la même région.
b. Forme dérivée du radical verbal heɓ-.
c. ngam Alla devient ngaalla pour les besoins du rythme encore une fois.
d. Forme issue du radical verbal heɓ-; la forme complète est keɓ(i)royi.
e. Radical verbal liɓ-.
Lorsqu'ils furent servis, il dit : « A présent je dois sortir.
Cette fois, veillez à ce que le bélier ne s'évade, ne gagne
les rues de la ville et point ne s'y promène. »
Après qu'ils eurent mangé, ils furent pris de somnolence.
Le bélier s'élança, les enjamba,
put gagner les rues de la ville et s'y engagea.
Le petit vieillard revint tout chargé 1
des grains et des vivres qu'il avait achetés.
A ses hôtes, il présenta ses acquisitions.
A leur tour, ils expliquèrent comment ils furent défaits.
Le petit vieillard répliqua :
« Tâchez de capturer le bélier avant qu'il gagne les rues.
je m'en vais de ce pas vous trouver un dîner. »
Lorsque le petit vieux sortit, les trois amis
s'efforcèrent de capturer le bélier, mais en vain.
Le mâle ovin sauta haut par-dessus leurs épaules,
détala dans les rues, sautillant sur ses pattes, indomptable.
Alors le petit vieillard revint chargé de vivres.
Il apprit de ses hôtes ce qui s'était passé
et dit:
« Rien d'étonnant, je ne puis me fâcher
contre trois gaillards incapables de surveiller un coq
s'ils n'arrivent pas à empêcher qu'un bélier s'échappe.
Par Dieu, je vous en prie, tâchez, essayez,
tentez d'attraper l'animal et qu'il soit maîtrisé. »
Les trois amis s'efforcèrent d'attraper le bélier.
Dès qu'ils s'en approchèrent, il se transforma et devint taureau,
un taureau de douze ans accomplis 1
aux cornes géantes, robustes et pointues.
Il baissa la tête, avança sur eux avec furie.
Ils ne durent leur salut qu'à leurs pieds rapides.
Ainsi le taureau fit irruption sur la ville;
coups de corne par-ci, coups de corne par-là, il renversait les gens.
Après de tels exploits, il relevait la tête 2.
Notes
1. Ce petit vieil homme difforme qui ramène infatigablement la nourriture et prodigue les bons conseils, contraste avec ces trois hommes valides, qui dorment pendant que le vieux travaille, et qui ne savent même pas garder un coq. La valeur et la sagesse ne sont pas attributs de la jeunesse ni de la force physique. Le sens ésotérique du coq qui se transforme en bélier, puis en taureau, puis en incendie sera donné plus loin.
2. Taureau complet, adulte, en pleine force; s'il dépasse douze ans, il régresse.