Classiques Africains. Paris. Julliard. 1969. 181 p.
Gariibu nayeejo fay huncaali hoore nde jimminnoo
na yeewa no tiimɗo ramli fiirta cuuɗi: 2050
— « Anndal ngoonga kaa ana way no fooyre
iwoore to toowi taaynoya nimre majje
hono nii taayre yuldata luurde wanere
ɓawlinoonde niɓɓini mbeeyu huumnia;
naatoya wonki seynoya sella heɓa jam 2055
ɗee tati yimɓe njelotoo noon njelontoob
ɓeec njiɗi wuurde siinii yenɗinoyde
hono noon maayde waatii timminoyde.
Fooyre na taayna nimre saaya;
honde hen jaalotoo battanɗe fuu fuu? 2060
Woyoondu e galle sabu dee neɗɗo naattii
tolnoo lamrud fijo mum won dimaaɗo.
Bone ɓee wonta jam ɓee too fa anndu
Hammadi leɗɗe ɗiɗi waylooje haako
ɗum woni nawliraaku yo sirru aadi 2065
tawangal e dun-yaa noon duu duuminaaɗum.
Maayde yo nawli nguurndam ɗam ko luutti
hono noon nii no bone duu luuttiroy jam.
Hammadi ndeen ko anndoy-ɗaa yo maale
jeettaɓal sirru mum jonkay a anndii 2070
to yaamana-juuju'en jom leyɗe kaayɗe
Kaydara goɗɗoyiiɗo ɓadiiɗo sanne. »
Fooyre mawnde yayni Hammadi wii:
— « Mi lamndike jeenaɓere ndee maa maale leyɗe
ko woni firo ndee ne ee maa mobbo ganndo 2075
kala sirruuji leyɗe e waylitoyagol
gelle to piindi tonnyata pooli kaaƴe
ndima nebameeje na'i tawa duu yo keccam! »
Gariibu nayeejo heddii waylitaaki
Mo wii : 2080
— « Hammadi neɗɗo ƴoƴƴo kala
wattan baali muuɗum e hoggo
hono noon ommbiroyta Geno
Notes
a. huuɓ(i)ni.
b. njelantoo.
c. ɓe ɓe.
d. Issu du radical verbal laɓ- (raser).
Le vieux mendiant, sans relever la tête qu'il avait baissée
comme pour observer et dénouer un thème géomantique, dit :
« Le savoir vrai est pareil à une lumière
qui vient de haut pour fondre les ténèbres de l'ignorance
comme l'éclair qui perce le gros nuage lourd
qui obscurcit et noircit le ciel alentour.
Pénétrant une âme, il lui assure joie, santé et paix ;
trois choses que les hommes souhaitent pour eux-mêmes
et ceux qu'ils aiment ; la vie a promis une existence perpétuelle
et la mort a bien juré d'y mettre un terme.
La lumière dissipe la nuit, celle-ci l'enveloppe.
Qui des deux finira par l'emporter sur l'autre ?
Quand une famille pleure parce qu'un homme est rentré
une autre se réjouit pour fêter une naissance.
Le malheur chez certains est boŋeur chez les autres ; sache
Hammadi, que les deux arbres échangeant leur verdure
symbolisent la rivalité 1, une habitude secrète,
puissante et perpétuelle de ce monde.
La mort rivalise avec la vie, celle-ci la contredit
ainsi que le malheur qui s'oppose au boŋeur.
Hammadi, tu n'en avais vu que les signes
et maintenant tu connais le huitième secret
du pays mystérieux des génies-nains.
Il appartient à Kaydara le lointain, le bien proche. »
Une lumière immense jaillit et Hammadi s'écria :
« Et je demanderai le sens du neuvième symbole du Pays.
Que signifie-t-il donc, ô toi le maître qui connaît
le secret des contrées et des transformations,
ainsi que des lieux où les fleurs produisent des oiseaux,
où les pierres engendrent du beurre de vache toujours frais 2 ! »
Le vieux mendiant demeura dans sa posture
et dit :
« Hammadi, tout homme averti
garde ses moutons dans un enclos bien fermé
tout comme Geno enferme
Notes
1. C'est la grande loi du dualisme, déjà évoquée plus haut. On la compare souvent à la rivalité des coépouses et qui est celle des compétitions ou des alternances des contraires ou des complémentaires.
2. Image poétique pour évoquer le village de la métamorphose où le coq s'est changé en bélier puis en taureau.