Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.
baalɗe tati ngaɗa deeroya fooyre; dunya lootoyoo ley mum yayna mbuuɗu naange lelataako so naa yiia mbuuɗu lewru fuɗa wa'a hono nyorgo, nyorgo cardi ana ɓuri care laaɓde. 175 Lewru furrab funnaange ndu fooyna tuma nde naange naattiri harnaange. Naange lettugal ummoo hoonda, tuma nde lewru nyifiroyi hiirnaange. Jemma jemma, Joom-Jeeri na ƴeewa; 180 jemma fuu, mo ŋabban dow beene. Sirri baalɗe Baataasari mugi mo; mo yiɗi mo annda koro mum suuɗaaɗo; ko waɗi so lewru ana deera e dunyac fooyre mawnde, poofooji na lootoo ? 185 Ɗum yo sirru keenyen e mo janngo; yo sirru hannde duu, mo anndaa anndaa. Anndinaaɓe ɗum, ɓee duu keewaa. Jeeɗɗaɓurdud Kitangal maandirngal, anndiraama Kitangal Koodal ngal 190 siirti kammu, saamoyi soɓɓirre; waɗi fiyannde, hono nii sumu conndi; leydi yerɓi, faa yoga mum seekii; cuuɗi saami, yoga cate kala nooƴii; noyki baaɗe, felsoyi yoga baamle! 195 Ɗum nde watta, sappo e Joy lewru, nyalli hiira, sappo e jeegom mum. |
trois jours sont créés pour répandre la lumière; le monde dedans se lave et s'en purifie. Le disque solaire ne se couche point avant d'avoir vu le disque lunaire germer, pareil à un van un van d'argent, plus brillant que bracelets. Au levant point la lune; elle resplendit cependant qu'au couchant, le soleil disparaît. Le soleil à l'est se lève et s'allume à l'instant où la lune à l'occident s'éteint. Au bon milieu de la nuit, Diôm-Diêri observait ; sur la terrasse, chaque nuit il montait ; de Bâtâsari, le mystère des jours le surprenait ; il voulait en connaître le sens caché ; pourquoi la lune, sur la terre, déverse cette intense clarté où baignent les êtres qui respirent ? C'est le secret d'hier et celui de demain 1, secret d'aujourd'hui aussi, mais l'ignorant l'ignore ; peu nombreux, ceux qui en sont instruits 2. Le septième mois de la Grande année célèbre, est connu sous le nom de « l'année où la grande étoile déchira le ciel et tomba sur le Nord » 3. Une détonation se fit [entendre], telle une explosion de poudre; la terre trembla, en partie s'entrouvrit; des maisons tombèrent; quelques branches s'écrasèrent; les termitières se pulvérisèrent; quelques montagnes s'ouvrirent! Cela advint le quinzième jour du mois, journée dont la nuit est celle du seizième jour. |
Notes a. La forme attendue est so naa yi'i; mais le passage est lu sona yii selon les exigences du rythme. b. Forme verbale issue de fuɗ (« pousser, germer, se lever »). c. Prononcer dun-ya au lieu de du-nya. d. Ce terme renvoie à lewru qui est sous-entendu. |
Notes 1. Tel le secret de Boonoogal, et celui du temps; selon la maxime très ancienne : « si tu connais hier et aujourd'hui, tu connaîtras demain ». La vie est un recommencement perpétuel; cependant l'action peut « grossir », des événements analogues peuvent s'amplifier ou s'atténuer à certaines époques. 2. Il ne suffit pas de faire partie d'une association pour être initié; les vrais initiés sont peu nombreux, on prétend même qu'il n'y a pas plus de onze initiés complets en même temps dans le monde entier. 3. La chute de l'étoile prédit soit boŋeur soit calamité, sa direction indique où se produira l'événement. Le Nord est aussi dit la région des vastes terres, tandis que le Sud a pour synonyme « pays d'eau », ou d'herbes, ou encore « pays noir », sans doute par allusion à la couleur des gens, plus sombre que celle des populations limitrophes du désert : Fulɓe, Touaregs, Maures. |