Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.
hono mo muuyi hampiloyoo fooyre weɗɗitiinde faa huumnoy paale; 735 becce makko ana mbiifa na oorma « Ɓii ɓiyam, a ƴiiƴam am aawdi, wonki am a belotol, aan jokkata. Kaawnoyiiɗo Kaydara tuma diwnoo fooyre nyannde muuɗum hono ndee nii, 740 kayre ɗelmi dow am moɗoyii-mi, col-mi caam-mi faa mi pekkor-mi. Yelaa am yo taw ndee du yo kayre, nde wona saranndu Kaaydara ana warta. Annii maama Kaydara goɗɗiiɗo 745 dee yo ɓadiiɗo ɓattii faa sanne! Oo kabaaru garduɗo juhjuhre, mo joondoraaka fey duu miilaaka. » Capan tati e tati koolol jaabii, a waaw ma wiide ley pooye ɗe ittaa, 750 pooye ɗelme pooynuɗe nduu suudu hormoraandu Hammadi ubbaa e muni. Tawi Baagumaawel yottiima, mo naati suudu wii: « Hammadi hebla, aan e taana, Kaaydara wari ƴeewde. 755 Guurtinoyɗo Hammadi oo yo Kaaydara, mo wuurtinir mo fooyre nde noonɗaali, sifoytaake fay oo waawaa wiya: «Nii nii nde worri! » ɗum hawra e ngoonga. Wojjoyaali ɓawlaa rawnaali, 760 wanaa oolde, huɗo hecco nde nanndaa! Kayre kaa nde tan kayre e mayre. Nde nyotan fuu nde seekoya fay haayre; walaa fuu ko waawi nde sakkaade. Ko wadi so warti, Kaaydara fodaniino 765 wara wuurta Hammadi fa mo janngina dame gadaaɗe jeenay ley terɗe, |
comme s'il voulait embrasser toute la lumière qui s'étendait, environnant tout alentour; sa poitrine souffla dans un léger râle : « Fils de mon fils, tu es mon sang et ma semence, tu es la trame qui prolonge mon âme! Kaydara le merveilleux, le jour où il s'envola, l'éclat de ce jour fut semblable à cette lumière; c'est elle qui sur moi brilla et je m'y absorbai; je fus arraché, tombai à terre, en pâmoison. je souhaite que cette lumière soit bien la même, qu'elle soit l'annonce du retour de Kaydara. Petit-fils, voici Kaydara le lointain qui est aussi le proche, si proche ! Cette nouvelle, arrivée à l'improviste, on ne s'y attendait, on n'y songeait même pas! » Trente-trois échos répondirent, que l'on eût dit venus des lumières, des lumières miroitantes qui illuminaient cette demeure devenue sanctuaire, où était enseveli Hammadi. Ce fut alors que Bâgoumâwel arriva. Il entra dans la case et dit : « Hammadi, prépare-toi ! C'est toi et ton petit-fils que Kaydara est venu voir. Celui qui a ressuscité Hammadi, c'est Kaydara. Il le ressuscita à l'aide d'une lueur incolore indescriptible et dont nul ne peut dire « elle est ainsi » et que cela soit conforme à sa réalité; elle n'est ni rouge, ni noire, ni blanche; elle n'est pas jaune ni pareille à l'herbe nouvelle 1 Elle est elle, et elle seule; elle perce toute chose, déchire même la pierre; il n'est rien capable de l'intercepter. Si Kaydara est revenu, c'est qu'il avait promis qu'il viendrait et que Hammadi revivrait afin qu'il lui enseigne les neuf portes pratiquées dans le corps |
Note 1. Cette lumière essentielle est aux autres ce que l'eau est aux autres liquides; c'est une quintessence de lumière; les couleurs sont considérées comme contingentes; lorsqu'elles sont supprimées, la lumière redevient sans couleur, dans toute sa pureté. La lumière sans couleur est à la fois source première et somme de toutes les lumières elle représente la perfection et la totalité. Dans Koumen, la dernière clairière, étape suprême de l'initiation, est éclairée de cette lumière qui unit toutes les lumières, tous les soleils, pour symboliser la connaissance totale. |