Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.
wanaa maatugol kala yonnoowo jiɗɗo jawdi ana fena faa hokkee, wiya yo ganndo jogoree won ko waawi 705 taƴa penaale waatoo wiya ngoonga, aanna yimɓe aanoya hakkille faa haliihbe yoga sukka yo soobe, jawdi hewta, hewtira ɗum hiila. Hema haqiiqa miin maammaa wuurti; 710 mi wartoyii mi waalan tati nyalɗe, nyalɗe sirri siiwan anndal muni. Ɓii ɓiyam mi anndaa so ɗb anndi, so tawii a anndoyaa anndaa jooni fodii nyannde weeynoo diwi witti 715 diwri bibje dime cirkaa kaŋŋe nde diwata fajiri fooyni faa yayni; kanyura waawi fodoyii maa warta. Pene ngalaa e haalam hoto ngon-ɗaa? Mi eewnoyiima maa Kaaydara, hoto keet-ɗac ? » 720 Sawtu mawɗo sawtini iwi gere kala; sawtu oo mo Kaydara wii: « Miɗo nii ». Pooye pooye sappo nde tati tawi tati, laayti ɗelmi waɗi haɓɓere fooyni suudu qaburu Hammadi ubbaa e mum; 725 udditiinded fooynaa niɓe mbaati; fooyre sarfi nii waɗi jawo fiiltii terɗe Hamma jaɗɗiti faa laaɓi, nyoofa nyoofta majje ɗe keɓtoyie fuu; ƴiiƴe taayi ley ɗaɗi anniif ila, 730 tuute, nyilɓe, nguli, warti no wonnoo. Ummoyiima Hammadi mi jooɗii, Mo hunci juuɗe faa toowi mo aarti, |
non point de l'entendement d'un quelconque pipeur 1 qui, désirant la richesse, ment pour qu'on lui en donne, qui se dit connaisseur et qu'on tient pour compétent, qui taille des mensonges, jure que c'est vérité, qui jette les gens dans le doute et l'intelligence dans la perplexité, au point que bon nombre d'adultes le prennent au sérieux et que la richesse lui échoit à l'envi, grâce à son stratagème! Sois certain que je suis ton aïeul ressuscité; je suis revenu et passerai trois jours, trois jours secrets qui secrèteront leur science. Fils de mon fils, je ne sais si tu le sais; et si jamais tu ne le savais pas, maintenant, sache-le celui qui promit, le jour où, planant, il s'en fut en volant en volant de ses ailes précieuses gemmées d'or, l'aurore, tandis qu'il volait, éclaira et illumina [le ciel]; c'est lui qui a puissance et qui promit de revenir. Il n'y a nul mensonge en mes paroles; où es-tu? je t'invoque, Kaydara, où te trouves-tu ? » Une grande voix se fit entendre, venant de partout; c'était la voix de Kaydara, qui dit : « Me voici! » Trente-trois rais de lumière dardés 2 étincelaient, miroitaient, formant un faisceau qui illuminait le mausolée où se trouvait enterré Hammadi; la tombe béante fut illuminée et les ténèbres y moururent; la lumière brilla et fit un bracelet autour du corps de Hammadi qui perdit toute sa roideur, recouvra son aptitude à se ployer et se redresser; le sang se liquéfia dans ses vaisseaux et se mit à couler; salive, mucus, sueurs, tout revint comme auparavant. Hammadi se leva puis s'assit; il éleva ses mains bien haut, les écartass |
Notes a. Forme résiduelle de heɓu qui, après l'apocope de la marque u de l'impératif actif, devint heɓ dont la réalisation en hem est plus commode pour les organes phonatoires concernés. b. Forme orale de aɗa ou hiɗa adoptée ici pour des raisons rythmiques. c. Forme verbale obtenue à partir de keeditu-ɗaa selon le processus suivant : keeditu-ɗaa, keedt(u)-ɗaa, heedt-ɗaa. A partir de cette forme, -d- pouvait, soit s'élider sans contre-partie, soit se laisser assimiler par -t- qui, étant donné qu'il n'a plus de support vocalique et se trouve au voisinage d'une consonne de réalisation difficile, manquait de stabilité. Aussi, la première solution dut-elle prévaloir, ce qui donna keet-ɗaa. d. Ici, yanaande est sous-entendu. e. Se lit keptoyi. f. Forme obtenue à partir de ana nii (cf. note sur le vers 33). |
Notes 1. Pourquoi ici cette diatribe contre les imposteurs? Parce que Hammadi veut que son petit-fils l'écoute de façon désintéressée ; c'est une sévère mise en garde contre toute utilisation des secrets qu'il va apprendre, pour des objectifs non valables : richesse, renommée, influence etc. 2. Trente-trois lames de lumière trente-trois est un chiffre ésotérique parmi les plus secrets des multiples de onze (voir valeur de onze dans Kaydara). Il correspond aux 33 vertèbres de la colonne vertébrale qui est la « fourche » du corps humain et contient le lakkewol, la moelle épinière, qu'on nomme « corde de la vie ». « Geno a mis la vie dans un fleuve qui se trouve dans la colonne vertébrale; rien ne doit toucher le lakkewol. Il nage dans ce fleuve, et n'en touche ni le bord droit ni le bord gauche, car s'il y touche, il débride et désentrave la mort. » |