Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.
Fay nde ganyo toni a njuumri dewi, 19 hattaa ɓerngel na sunii; haasidi nyaw muni na boni; sellataa hoyataa nde fayi! Faydintaa wonki nyawii! — Lootori ! Lootori, pooye metii nimre a sowii! Gomɗi nooda e ley maayo, 20 hono ɗum ɓanngiri faamaa? No ɗum sewri e ley sirru, hono non debbo e gorko ngorri e ley dunyaaru b! — Lootori! Lootori, lootoyo-ɗen lootori! Debbo waawata gorko wellet 21 gorko toowata dow mum patt; walaa ko watta ɓe kawra so naa so biɗɗo malaama ngada tenŋina ngalc maɓɓe! — Lootori! Lootori, lootoyo-ɗen nawre Agaa! Mo fodanaa wadde wororde, 22 a waawaa hadde mo wadde. Tinna dur cefe maa kaara; kaattaa e nawre nde jey-ɗaa, jeye-ɗaa e wonɓe e ley jam! — Lootori! Lootori, lootoyo-ɗen maayo Boraa! Yaagoya jaagoytooɗo; 23 mi wiyaali yaage julaaɓe, ana fena fiɓa jammba, jammete jammboo jamma. So jabaaka jawdi jaleema d! — Lootori! Lootori, lootoyo-ɗen ɓunndu Iloo! So sewram fooƴii, mi sewii; 24 ɗum waɗi miɗo teewna huɗo, mi wuɗɗoo ley togge gume, giye hulataa nyaaku dogaa, yalla ngaaram nyaaro waɗa! — Lootori! Lootori, Kiikala maamaare tagaa! |
Même si le miel coule des lèvres de l'ennemi, il n'empêche que son pauvre cœur est triste; du jaloux, la maladie est fort pernicieuse; elle ne guérit, ni même ne s'allège quand il grossit ! S'améliorer quand l'âme est atteinte ! — Lootori! Lootori, le jour brille et les ténèbres se replient ! Les larmes du crocodile, au fond du fleuve, comment les distinguer, les reconnaître ? Comme elles, si ténues et secrètes, de même, femme et homme en ce bas-monde se trouvent ! — Lootori! Lootori, allons nous laver au bain rituel ! La femme, en définitive, triomphe de l'homme; mais l'homme la domine, la surplombe ; rien ne les pourra concilier que l'enfant bieƯeureux, entrave et lien solide de leur union ! — Lootori! Lootori, allons nous laver à la mare de Aga ! Celui qui est prédestiné à mal agir, tu ne pourras l'en empêcher. Fais paître à satiété 1 tes propres troupeaux ; ne dépasse pas la limite de la mare qui est tienne et tu seras du nombre de ceux qui vivent en paix ! — Lootori! Lootori, allons nous laver au fleuve Borâ ! Sois plein d'égards pour ceux qui sont chevaleresques ; je ne parle pas de la chevalerie de ces marchands qui mentent et trament des félonies, te célèbrent le jour et la nuit te trahissent ! Quand ils ne prennent aucun bien, on se rit d'eux 2 ! — Lootori ! Lootori, allons nous laver au puits de Iloo ! Quand mon troupeau maigrit, je suis amoindri ; voilà pourquoi je hante les herbages et m'enfonce dans les bois épais, sans craindre l'épine, sans fuir l'abeille, afin que mon bœuf s'engraisse les flancs ! — Lootori ! Lootori, Kiikala est notre ancêtre créé ! |
Notes a. L'ordre normal serait : Fay nde njuumri dewi toni ganyo. b. Niɓre. c. Le mot dunyaaru, issu de l'arabe doit être prononcé dun-yaa-ru, et non pas du-nyaa-ru, comme la transcription qui en est ici donnée pourrait le laisser croire. d. Dewgal est sous-entendu. e. Le suffixe -eema est celui d'un inaccompli futur impliquant une idée de certitude, de vérité permanente. |
Notes 1. Littéralement : efforce-toi, fais paître tes troupeaux, qu'ils se rassasient. 2. Sorte d'excuse ou d'explication du comportement peu louable des marchands. |