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Layteere Koodal e Lootori
L'éclat de la grande étoile
suivi du Bain rituel
Récits Initiatiques Fulɓe de Amadou Hampâté Bâ

Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.


       Table des matieres      

Lootori — Strophes 25-29

Mi ƴeeŋa e dow ceene dimeea. 25
Delbi na doya cewle ɓula,
ɓuttitib bulloy ley ɓulɓi,
banŋe kaaƴel Baa-Sammba;
mi lootoya baali daneeji!
— Lootori! Lootori, Naagara woni maama kala!

Weetii faa naange fuɗii. 26
Koode colii kammu ɓolii
hono ndewa itti cudaari.
Ndamndam annii ma huba,
dawangel heddii na ŋofa!
— Lootori! Lootori, homo wiinoo weetataa?

Eeram hultaani eda; 27
fay so nga rimii reenni kosam
kose am ɓuri heewde dakam,
fayde nebam waɗa nyeekam.
Nyaagee nyannde nyaamu walaa!
— Lootori! Lootori, hitaande wayliima hurii!

Sadac yiɗi kam gilli giɗo, 28
giɗaaɗe am, giddu ngaɗaa.
Neɗɗo wanyataa uurngol mum!
Heewii ɓe nyaw gilli wari,
maa haanɗini yulti feri!
— Lootori! Lootori, naɓee jawle nawre Bela!

Wati wii kaananke « giɗo». 29
Wati suusu mo fay nde minya.
Miilaa omo waawe kulaa
nyannde mo biloyaama ndogaa,
foottaad mo fa mo fooɗe ngaraa!
— Lootori! Lootori, lootee, lootee ɗe kala!
J'escaladerai les dunes de sable noble 1.
Les lianes serpenteront, les sources jailliront,
remplissant de petits puits à l'ombre des gommiers
au pied de la colline de Baa-Samba;
et j'irai laver les moutons blancs !
— Lootori ! Lootori, Naagara est la mère universelle !

Le jour a si bien paru que le soleil a germé.
Les étoiles sont desserties et le ciel est dépouillé
telle une grande femme quittant ses parures.
Voilà mon bouc qui béguète
tandis que le petit chien s'est mis à japper !
— Lootori ! Lootori, qui avait dit que le jour ne serait plus ?

Ma vache blanche ne craint pas la bufflonne ;
même quand elle vèle et que ses pis regorgent de lait,
mes laitages à moi sont plus savoureux,
plus gras en beurre, et leur crème surnage !
Quémandez-en aux jours où manqueront les vivres !
— Lootori ! Lootori, l'année s'en est allée, comme astre a disparu !

Si tu m'aimes d'un amour d'ami,
mon plaisir, hâte-toi de l'accomplir.
L'homme ne déteste pas son odeur 2 !
Nombreux sont ceux que la maladie de l'amour 3 a tués
ou affolés, exilés, expatriés !
— Lootori! Lootori, conduisez les troupeaux à la mare de Bela !

N'appelle point le roi « ami ».
Point d'audace avec lui, même s'il est plus jeune que toi.
Songe qu'il est plus puissant que toi,
redoute le jour où il sera en colère et va-t-en,
écarte-toi jusqu'à ce qu'il t'appelle ; alors tu viendras !
Lootori ! Lootori, lavez, lavez toutes les vaches !
Notes
a. L'allongement de la voyelle finale de dime est dû aux besoins rythmiques du vers.
b. Forme issue du radical verbal ɓut- (remplir) qu'il ne faut donc pas confondre avec ɓuut- (gonfler, enfler).
c So ada.
d. Forme verbale issue du radical fooɗ- et obtenue selon le processus fooɗita, fooɗ(i) ta, fooɗa, footta.
Notes
1. Sable ainsi qualifié à cause de la grande finesse de ses grains.
2. L'homme ne se déteste pas lui-même et ne déteste donc pas son ami qui est in autre même et dont il accepte les défauts.
3. Maladie se réfère ici à l'amitié qui tourne mal ou à l'amour malheureux.
defte/ahb/koodal-lootori/koodal-2223.html