webPulaaku


Layteere Koodal e Lootori
L'éclat de la grande étoile
suivi du Bain rituel
Récits Initiatiques Fulɓe de Amadou Hampâté Bâ

Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.


       Table des matieres      

Lootori — Strophes 51-55

Kuɗɗe tati ɓannginta tagu : 51
laamu go'o, jawdi ɗiɗi;
anndal wara wonta tati.
So ɗee ngoodaa tagu woodaa,
tagu ndeen takkaama mehaa!
— Lootori ! Lootori, damngal me'a suura diwa!

Ngoonga yo hono suudu mahaa, 52
waɗanaa tatteeji limaa.
Yoga wii nay, yoga jeegom.
Mo huumnaaa ɗee tatte kala,
wati wiya ana anndi ngoonga!
— Lootori ! Lootori, naɓee jawle nawre Bela!

Ngoonga na sewi cewki ndiyam 53
maa duu hono yarara wifan,
ana hebbina paale kala.
Wati doona e jeddi mbumaa;
tefu anndaa, ngoonga danyaa!
— Lootori ! Lootori, mooptee bey mon ta caroo!

Hitaande wellii, mi danyii 54
wuurde mi wumoyaa e mayre.
Walaa fuu do taayre saami, c
umu duu huumnaali feeyo.
Baali kisii, bey malaama, nay am ndimii!
— Lootori ! Lootori, homo wiinoo weetataa?

Mi sora ɓira yara yarna ɓiɗɗo, 55
waɗa fedannde yarna debbo.
Toordi mo torraaki yarata,
leloo e ley yarara fooda,
nguru nyooftoo terɗe ɗaata!
— Lootori ! Lootori, weetii faa fooyre hunii!
Trois choses font apparaître le caractère réel :
le commandement d'abord, la richesse ensuite;
la connaissance survient et fait trois.
Sans ces trois, le caractère point ne se révèle
et lors demeure scellé, effacé !
— Lootori ! Lootori, le grand bouc bêlera, sautera, bondira !

La vérité est telle une maison édifiée
dont on a construit des côtés déterminés.
Certains disent quatre, d'autres six.
Qui n'embrasse guère tous ces côtés,
qu'il ne prétende point connaître la vérité !
— Lootori ! Lootori, conduisez les troupeaux à la mare de Bela !

La vérité a la finesse de l'eau
ou de la brise qui souffle
recouvrant l'espace en tous lieux.
Ne t'entête pas à contredire ; tu en serais aveugle ;
cherche à comprendre et tu auras raison !
— Lootori ! Lootori, rassemblez vos chèvres, qu'elles ne s'égaillent pas !

L'année s'est écoulée; il m'a été donné
de vivre tout son cours sans y perdre la vue.
Nul endroit où la foudre 1 soit tombée !
Point de plaine par le feu dévorée !
Les moutons sont saufs, les chèvres prospères et mes vaches ont vêlé !
— Lootori ! Lootori, qui avait dit que le jour ne serait plus ?

Sous la vache, je trais pour m'abreuver et abreuver l'enfant ;
je fais cailler le lait et j'en abreuve la femme.
Le lait de la veille 2 est pour celui qui n'a pas souffert,
qui se couche au frais et respire largement,
dont la peau se défripe et le corps devient lisse !
— Lootori ! Lootori, le jour a si bien paru que la lumière s'est levée !
Notes
a. Radical verbal huub-; huuɓinaa, huuɓ(i)naa, huubnaa, huwnnaa. Comparer avec huumnaali (cf. strophe 54).
Notes
1. La foudre et le feu de brousse sont pris ici au sens figuré de calamités, en général.
2. Lait caillé auquel on ajoute du lait frais et qu'on baratte. Seuls les gens aisés, « ceux qui n'ont pas souffert », les riches, enlèvent le lait de la veille ou toordi (toorde, dans certains dialectes).
defte/ahb/koodal-lootori/koodal-2223.html