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Emile Ducoudray
El-Hadj Oumar Tall: le prophète armé

Editions ABC. Paris — Dakar — Abidjan. 1975. 109 pages
Collection Grandes Figures Africaines
Direction historique: Ibrahima Baba Kaké. Agrégé de l'Université
Direction littéraire : François Poli


Omar Saïdou Tall est né dans le Fouta-Toro, foyer de foi et de culture depuis la révolution des Torobés (hommes pieux) qui, en 1771, avait renversé la dynastie peule païenne des Dénianké.
A vingt-trois ans, il va étudier en Mauritanie et dans le Fouta-Djalon. Il fait ensuite le pèlerinage de La Mecque et vit de longues années en Orient, où il se fait recevoir dans la confrérie tidiane. Il revient au Soudan, avec le titre encore rare d'« El Hadj » et celui de « khalife » (chef suprême des musulmans) pour l'Afrique noire.
Le retour à travers l'Afrique est triomphal. El Hadj Omar est comblé de dons par les souverains du Bornou et par le Caliphe de Sokoto. En revanche, le roi du Macina, qui appartient à la confrérie de la Qadrya, le reçoit plus froidement. Le roi de Ségou l'emprisonne, puis le relâche.
Après un voyage dans le Fouta-Toro, il s'installe puis à Dinguiraye, où il construit un tata (forteresse) imprenable et où il fonde une zaouia (communauté religieuse et militaire). Là affluent les talibés (disciples), venus de tous les coins du Soudan, attirés par le caractère révolutionnaire et démocratique de la Tidiania.
Au moment où, en Afrique, les sociétés et les royaumes traditionnels sont à la veille de s'effondrer devant la poussée de la colonisation européenne, les souvenirs prestigieux de Sékou Ahmadou au Macina et d'Ousmane dan Fodio au Haoussa nourrissent chez El Hadj Omar le rêve impérial d'un Soudan unifié.
Vers 1851, le khalife de la Tidiania écrase les royaumes de Tamba et du Ménien, fonde l'Etat de Dinguiraye et proclame le Jihad. En 1854, c'est la campagne du Bambouk, puis celle du Kaarta (1855-1857), rendue pénible par la guérilla des Bambara et des Diawara. Le cheikh décide alors de refaire ses forces à l'ouest. L'incident de Médine retarde mais ne gêne pas son entreprise.
En 1859, c'est le début de la foudroyante campagne contre l'empire de Ségou. La plus scientifique et la mieux conduite de ses offensives. La guerre s'élargit au Macina en 1862.
En dix ans, El Hadj Omar est devenu le maître d'un empire qui s'étend de Dinguiray au Sahara et du Sénégal à Tombouctou.
Mais la volonté farouche d'édifier un Etat puissant et unifié ne pouvait triompher complètement de toutes les traditions et de toutes les résistances.
L'obstination à réaliser ce rêve impérial rend encore plus tragique la disparition mystérieuse, dans la falaise de Bandiagara, de celui qui restera le modèle des Samory et des Rabah.