Journal des africanistes, 63 (2) 1993 : 61-80.
12. Laamiiɓe faa asi maaje maayii timmoyii maayii leliima no lelniraa ɓii-Saalihu! |
12. Des Souverains capables de creuser des fleuves sont morts et c'en est fini d'eux, ils sont morts et gisants tout comme au tombeau git le fils de Sâlif ! |
13. Wuurnooɓe faa buri duuɓi dure kala maayoyii. yeew ɓowde mawɗe e perre soli saami maayoyii ! |
13. Des hommes qui avaient vécu plus d'ans même que ceux des vautours, tous, la mort fut leur destin ! Vois les grands baobabs sur les terres dures : ils sont tombés, déracinés, la mort fut leur destin ! |
14. Faa haako wayloo birgi furɗoya maayoyiio ndiyara cewle nhonyoyoo kaaƴe ɗum woni maayoyii! |
14. Même le feuillage devient fumier, il prend couleur de cendres, la mort est son destin L'eau des sources ronge les pierres : c'est bien que la mort est leur destin De même le souffle du vent étanche les eaux : c'est bien que la mort est leur destin ! |
15. Noon henndu wifa yara diƴƴe ɗum woni maayoyii marɗo e maraaɗo mo meeɗoyaa marde maayoyan |
15. Le maître comme l'esclave à qui être maître est à jamais dénié, [tous deux] à la mort sont voués ! |
16. Kala maayoyan (ter) faa maayde maayoyap maandinee jaka maayde waranaa gooto Bookari Saalihu! |
16. Tout à la mort est voué (ter) ! Jusqu'à la mort elle-même qui, à la mort, soit vouée ! Est-il meilleure preuve que l'avènement de la mort n'est pas pour le seul Bôkar Sâlif ! |
17. Ɓerndam d ndee jergii wonki am kii jebbilii yarraade noon e yaafaade Bookari Saalihu! |
17. Sous le choc mon cœur s'émut, mais mon âme se résigna à accepter le destin et donner l'absoute à Bôkar Sâlif ! |
18. Wallaahi! Maayde wardaali yoppude gooto fuu wanaa maayde woni fooleede Bookari Saalihu ! |
18. Par Dieu ! La mort, à son heure venue, n'épargne personne et l'on ne peut en cette mort voir défaite personnelle de Bôkar Sâlif ! |
19. Ɓurnaaɗo kammu e leydi ɓurtii tannyoral iroyaama nduu sako Ceerno Bookari Saalihu! |
19. Celui qui, sur la terre comme au ciel, fut Privilégié a été sans pareil, c'est une certitude ! Si même lui dut être enseveli, comment en serait-il autrement de Tierno Bôkar Sâlif ! |
20.Yela yimɓe waawaa wardeq me, ɓe muuyi maayoya yamiroore Laamɗo e baalɗe keeyaaɗe maaynata. Ajal Allaah yottii Ceerno Bookari Saalihur ! |
20. Le souhait des hommes ne peut tuer celui dont ils désirent la mort : ce sont décret divin et jours inscrits dans le destin qui décident de la mort C'est le terme fixé par Dieu qui a atteint Tierno Bôkar Sâlif ! |
21. E wonɓe majje ndullini Allaa faa ndewi kappoyii Al-Hajj Umaru ɓe mbi'i warii ɓii-Saalihuls ! |
21. Il en est qui, égarés par l'erreur, ont ignoré Dieu jusqu'à s'enferrer dans la calomnie, accusant Al-Hadj Oumar d'avoir tué le fils de Sâlif ! |
22. Haaloyɓe kaa njummbi peni kappi mammumt Wallaahi! Umaru waraali Bookari Saalihu ! |
22. Ceux qui se répandent en de tels propos accusent faussement et calomnient son aïeul 1 Par Dieu ! Oumar n'a pas tué Bôkar Sâlif ! |
23. Go'o, maayɗo warataa guurɗo, Allaahu kam haɗii ɗiɗi, Sheeku jaɓataa warde Bookari Saalihuuu ! |
23. Primo, un mort ne saurait tuer un vivant, Dieu, certes, a empêché cela ! Secundo, un Cheikh n'accepterait pas de tuer Bôkar Sâlif ! |
24. Tamaroore Taalɓe e taaniraaɓe mov maagewal! Ko yaanni walaa ley jikku Bookari Saalihu! |
24. Datte des Tâl, pour la postérité il est une couronne ! Il n'y eut rien d'ignominieux dans la conduite de Bôkar Sâlif ! |
25. Hono Umaru wardata ɓiɗɗow guurtinɗo dawla mum darnoyɗo diina e Bannya, Bookari Saalihu ?! |
25. Comment Oumar tuerait-il un fils qui a ravivé sa gloire et érigé la loi religieuse dans Bandiagara, Bôkar Sâlif ! |
Notes o. A. maayoyan. p. A. maayora. q. B. wadde. r. A. Ajal Allaah ngal yotiii e Bookari Saalihu ; ajal : Ar. “terme fixé, échéance; mort”. s. Ce vers est omis dans la version B. t. A. Haaloyɓe ɗum njumtnbii penii kappi mamma mum. u. B. ɗiɗi, Sheeku fay so ana waawi warataa Bookari v. A. yo./ w. A. neɗɗo. |
Note 1. Bôkar Tall, grand-père paternel de Bôkar Sâlif était le frère aîné de Al-Hadj Oumar. Celui-ci, grand-oncle de Bôkar Sâlif est donc son aïeul (grand-père classificatoire) selon la terminologie pular/fulfulde de la parenté. 2. B. « Secundo, un Cheikh, si puissant fût-il, ne saurait tuer Bôkar ! » |