Classiques Africains. Paris. Julliard. 1969. 181 p.
To Leydi Kaydara kaawoyniindi
— Taalol taalaangol taalteea… 1
— A ngoongoto na ?
— So to baddi pijooji ley leeleeje jammab,
taalol am yo seekata aadi janta.
Tuma jammaaji dabbunde pooɗii njuuti, 5
taw mottooɓe wakkati jaange catti,
jantam oo yo taalol wela heɗaade.
So taw ɗum nyaaɗa-waare e tekka-teppe,
yo nii taalol yo soobee pinndinoowol.
Gaajotooc min nafoowo mi pinndinoowo. 10
— Tallu warad …
Notes
a. taalol taalaangol taalteengol : « conte qui fut conté et qui doit être reconté; il nous a été rapporté sous forme de conte et doit être transmis comme tel »; ce que rappellera Kaydara en quittant son disciple. Ainsi commencent les janti, genre littéraire auquel appartient ce récit. Raconté pendant le jour, le jantol ou janta reste jantol alors que la nuit il devient taalol comme toutes les autres histoires qui se disent la nuit. Cependant, même dans ce cas, la formule qui introduit le récit le différencie nettement des contes ordinaires. On voit donc ainsi que le narrateur nous conte Kaydara pendant la nuit.
b. won wiyooɓe jemma.
c. gaajotooɗo ; le degré -ɗo du classificateur hominin o se trouve omis ici à cause des besoins rythmiques du vers ; il reste sous-entendu ; il en est de même pour le pronom-personnel qu'il détermine et qui reparaît dans le même vers sous la forme d'insistance min ou ordinaire mi.
d. Il en est qui disent : taalu wara. Notons que les passages ainsi soulignés ne se chantent pas; ils sont simplement lus.
Au mystérieux pays de Kaydara
Conte conté, à raconter …
— Seras-tu véridique ?
— Pour les bambins qui s'amusent au clair de lune, la nuit,
mon conte est une histoire fantastique.
Quand les nuits de la saison froide s'étirent et s'allongent,
à l'heure tardive où les fileuses sont lasses,
mon récit est un conte agréable à écouter.
Pour les mentons-velus et les talons-rugueux,
c'est une histoire véridique qui instruit.
Ainsi je suis futile, utile, instructif.
— Déroule-la qu'elle vienne …