Classiques Africains. Paris. Julliard. 1969. 181 p.
e ɓoggol-leydia coppoowol.
Teppere kaa mi tookaaka 285
mi mettaa ylide; ummee ɗoo
no yaawri, iwee e oo nokku. »
— « Noon fii worrib » wii sawtu
gaaɗo no iwru ley nawre;
— « Miin woni nayaɓo ndaamaa maale leyɗe 290
yaamana-juuju, Kaydara sirru am jey,
godɗudo sanne kaa balliiɗo Kaydar.
Ɓinngel Aada, aan koo haaka wella… »
Hammadi kam e mum yaadiiɓe jaɓdii.
Ɓe doomaa haala caakanneeri ɗimma. 295
Ɓe ɗowtii waaju oo giɗo waajoyii ɓe.
Ɗoon nii ɓe eggi ley ngoo feeyo njalti
tawi nyaamaali noon duu fey njaraali.
Ɓe sooynii mawkic cate noon mbiidiniiki
moylii juuti toowoyd naati mbeeyu. 300
Hammadi nii adii kala sorde lekki.
Mo tawi tabe lella annii ɓutti wii pett!
Mo wii giyiraaɓe : « Ma mi surɓoo dihal kal;
ko muuyaa fuu yo ɗum rime sanne laatoo! »
Hammadi hippoyii dow reedu farɓii. 305
E ɗoon nii temmbu gaygel suunci heewti.
Mo farɓii heewti, wontoyf farɓa heewta.
Hammadi warrig nii faa ɗomka yalti.
Nde kaawnaa yaadiraaɓe kumiima nyemmbi.
Ɓe keɓi njari kaari, haako ɓe kommbi loowri 310
a. mbooddi.
b. Racine won ; forme d'origine : won(i)ri qui donna wonri, puis worri.
c. lekki est sous-entendu.
d. toowoyi.
e. rimu.
f. wontoyi.
g. Racine waɗ- (faire, mettre … ); waɗ(i)ri, waɗri, warri.
à cette fibre du sol 1 qui pique le talon.
Mais point ne suis venimeux
ou laid à voir ; allez vous-en d'ici,
au plus vite, il faut quitter ces lieux ».
« Oui, reprit une voix
qui semblait venir du fond de la mare;
moi, je suis le quatrième symbole du pays
des génies-nains et mon secret appartient à Kaydara,
le lointain, le bien proche Kaydara.
Quant à toi, fils d'Adam, va ton chemin. »
Hammadi et ses compagnons acceptèrent.
Ils ne se firent pas répéter la parole du scinque.
Ils obéirent à ce conseil d'ami.
Aussitôt ils quittèrent la vallée, en sortirent
sans avoir rien mangé et sans avoir rien bu.
Ils aperçurent alors un grand arbre ombreux
effilé et si haut qu'il entrait dans les airs.
Hammadi le premier sous l'arbre pénétra.
Il y vit noyée d'eau une empreinte de gazelle.
Il dit à ses amis : « J'aspirerai ce peu d'eau ;
que ce qui était décidé en résulte et advienne ! »
Se mettant à plat ventre Hammadi aspira.
Aussitôt le petit trou à nouveau se remplit.
Il aspira, le trou se remplit et ainsi et encore.
Hammadi but ainsi et la soif le quitta.
Alors émerveillés, ses compagnons prirent sa suite et l'imitèrent.
Ils burent à satiété ; à l'aide d'un entonnoir en feuille,
Notes
1. On a déjà parlé de serpents dans cette histoire et ceux qu'on a rencontrés sont animaux dangereux et nuisibles. Il s'en faut pourtant de beaucoup que ces reptiles aient un sens universellement négatif, comme dans les civilisations européennes; en effet, dans la plupart des cosmogonies africaines, on le rencontre avec une « charge » sacrée très positive : chez les Dogon, les Ewe, les Bambara, les Bamoun aussi bien que chez les Kissi, il a une signification cosmogonique (Dogon et Bambara); parfois il est le dieu protecteur d'une nation et vénéré comme tel (Togo et Dahomey); le plus souvent, il joue un rôle important dans le totémisme; on connaît le python sacré de Samory le conquérant, aussi bien que le petit serpent noir du forgeron de Camara Laye; il peut être insigne royal comme chez les sultans de Foumban (Cameroun) où animal légendaire chez les Bamiléké comme ce numekong dont le nom signifie « serpent si grand qu'il enjambe la montagne sans même déplacer sa queue »; il est extrêmement intelligent et son œuf énorme brille comme un phare et est convoité comme source de lumière.
Enfin, rappelons que le serpent est très souvent associé à la fécondité. Chez les Bamiléké, si un serpent s'enroule autour du cou d'une femme, elle accouchera de jumeaux qu'elle soit enceinte ou non à ce moment précis. Le rôle du serpent-sexe-mâle est ici évoqué.