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Kaidara
Récit Initiatique Peul
Rapporté par Amadou Hampâté Bâ
Edité par Lilyan Kesteloot & Alfâ Ibrâhîm Sow

Classiques Africains. Paris. Julliard. 1969. 181 p.


       Table des matieres      

Kaydara — Strophes 260-280

Mo maayaa ɗomka leydi amam. 260
Pati jaɓu fonndondirde kala.
So taw ɗum enɗi nagge ɓurii
ɗi kala daabaaji kanji sami. »
Hammadi ɓaawo nii yimrii,
Demburu heɓi killea ana ŋuura 265
konngol yaare jannginnoo.
Caakanneeri ɗoon yalti
nder njaareendi ndee nawre,
wari e ɗanniiɓe ɓee ndi yimi
— « Ee mon biɓɓe Aada ! fotii 270
no ngorroy-ɗonb e yurmeende.
Yo miin daabaawa yeru malfal,
mi baatuɗo terɗe dee mi fuuyaa
saayam noone mum oolɗu;
ka genndam wojja-oola waɗaa. 275
Ɗiɗi fuu diidi niɓɓi jogii.
Miɗo anndaa ɗo kala daɗɗii
Geno waɗi ceene njaareendi.
Mi war hokkorde on kanna,
mi waaltina wonki torraaji. 280
Uuhun ngoonga fuu mi jeyaa
e nder ɗi leƴƴi pallaaɗe.
Uuhun ngoonga miɗo nanndi

Notes
a. Forme abrégée pour hakkille ou haɠɠille.
b. Forme obtenue à partir de la racine won- connotant l'idée d'être; ngon(i)roy-ɗon donna ngonroy-ɗon qui devint ngorroy-ɗon.

Nul ne meurt de soif dans notre pays.
On ne doit pas confondre et rendre tout égal.
Ainsi les mamelles de la vache surpassent
et priment les mamelles des autres animaux. »
Après que Hammadi eut ainsi chanté,
Demburu eut la bonne idée d'ânonner
la formule qu'enseigna le scorpion.
Un scinque 1 lors sortit
du sable de la mare,
vint vers eux et chanta :
« O vous fils d'Adam! digne
de pitié est votre état présent.
Moi l'animal fusiforme,
je suis de naturel lourd mais point ne suis inutile ;
ma robe est jaune ;
celle de mon épouse est rousse.
Toutes deux sont rayées de sombre.
L'on me connaît en tout lieu
que Geno a revêtu de sable.
Je viens vous donner un remède,
combler les vœux de vos âmes.
Oui, certes j'appartiens
à la race des lézards.
Oui, certes je ressemble

Notes
1. Le scinque est le seul animal rencontré au pays des nains, que le récit n'explicitera dans la suite; nous avons donc cherché à combler cette lacune (dans une faible mesure), par une petite enquête sur le rôle et les significations que ce curieux reptile endosse dans les populations voisines des Fulɓe qui racontent Kaydara ; il en résulte que le scinque est généralement considéré comme un être de bon augure chez les Bambara. Ceux-ci, d'ailleurs, ne le mangent pas, alors qu'ils mangent le lézard. De plus, il entre dans la composition de certains remèdes et son apparition est signe de guérison proche si l'on souffre d'une maladie. Chez les Marka, on appelle le cinque « serpent des femmes » car il est tout à fait inoffensif ; on le juge à la fois gentil et sacré. Enfin, signalons une légende populaire suivant laquelle le scinque, lorsqu'il devient vieux, se métamorphose en serpent à deux têtes ; est-ce parce que sa queue grossit en effet démesurément, ou bien l'explication relève-t-elle d'une autre légende que nous ignorons ? Et quel est le sens exact de cette métamorphose? La question reste ouverte.