Classiques Africains. Paris. Julliard. 1969. 181 p.
gorowoocol na rewondiri looci roondii
baaji e kaɓɓe huɗo huɗo hunndu-suudu
yalti e saare ndee ana paati warde. 1215
Nanndo e kawjo lamndii: « Hoto ɓe naati
Ɗenyere lamndorii: « Hoto yaadiraaɓe
naaddi e ɗaalli mum'en hoto ɓe njaari? »
Hammadi mo ɓe lamndii oo mo jaabii:
— « Ɓe nanngii ngola, be mbittii hono no ngardi. » 1220
— « Bone hippoyto kiirnduɓe ndunngu ɗanni,
sako kiikiiɗe hannde yo aawre ndunngu.
Han-jammaaku omtan baafe kammu,
omtan yaaja faa duufaani deertoo,
dewa dow leydi tonngita kala kenuuli. 1225
Diyaango dukan fa haljina nyaam-tewuuji,
ɗi njaltan nokku majji ɗi tefa to tappoo.
Aan, kaananke Naannaa-Koɗo wi'ii min,
min ngara kunnda suudu keɓaa ɗo tuɗo-ɗaa,
keɓaa ndeenaagu toɓo ana faati wadde 1230
han-jammaaku ngoon toɓo mettukaata.
Ngo huumnanb leyɗe goɗɗuɗe yaadu lebbi
tati naaqaawa sagata nga doddu haayraa. »
Hojom ɓee yimɓe Naannaa-Kodo kowoy nduu
sukkundu suudu huɗo sannyaa fa tiiɗi. 1235
Hammadi mbaynoyii ɗum mbii mo jam waalc
hono no ɓe ngardi mbirfiti naati wuro mum.
Hammadi naati tawi ley suudu kala fuu
ko yelotoo wonki tuma wari jamma bonɗo.
Wakkati naange ɓadinoo peemu hoore, 1240
Baylal-kammu waɗɗii puccu muuɗum,
yo ngu tame duule koyduɗe mbeey-mbeyuuje.
Mo faati to mbayla makko ngaɗaaka luurde,
tekkunde foomre muuɗum foocitaande,
kammu e leydi hakkunde mum mahaande. 1245
Nde Baylal-Kammu kemnood ɗoo e mbayla,
Notes
a. laawol est sous-entendu.
b. La forme complète est huuɓ(i)nan issue du radical verbal huuɓ-.
c. jam waalu.
d. keɓnoo.
se suivant à la queue-leue-leue, tous porteurs de perches,
de lianes et de bottes de chaume ;
ils sortaient du village et se dirigeaient vers lui.
Celui qui semblait être le chef demanda : « Où sont-ils entrés ? »
Avec inquiétude il insista : « Où tes compagnons
sont-ils donc passés ? Avec leurs bœufs-porteurs où sont-ils allés? »
Hammadi auquel s'adressaient ces questions, répondit :
« Ils ont pris cette route et sont partis comme ils étaient venus.
— Malheur à ceux qui voyagent par un soir d'hivernage !
En effet, cette soirée est son premier bourgeon.
Le ciel, cette nuit, ouvrira bien ses portes,
larges les ouvrira, déversera déluge
inondant le sol, débridera les vents.
Le tonnerre grondera, affolant carnassiers et fauves
qui fuiront leurs antres pour chercher refuge.
Quant à toi, le roi de Nannaa-Koɗo 1 nous charge
de te construire un toit, une maison pour toi,
afin de t'abriter contre la pluie qui va tomber
cette nuit et qui sera pluie de calamité.
Elle couvrira une étendue de trois mois de marche
d'un chameau adulte et bien dressé à la course. »
En un rien de temps, les gens de Nannaa-Kodo couvrirent
une case au toit de chaume solidement tressé.
Ils prirent congé de Hammadi, lui souhaitant bonne nuit,
et comme ils étaient venus s'en retournèrent à leur village.
Hammadi rentra et trouva dans la case tout ce que l'âme
pouvait souhaiter quand la nuit s'annonce mauvaise.
A l'heure où le soleil s'approchait du zénith
Forgeron-du-Ciel 2 enfourcha sa monture,
masse de nuages légers, son cheval aérien.
Il se dirigea vers sa forge, dans une ondée noire
plus épaisse, horizontale, étalée
et bâtie entre ciel et terre.
Quand Forgeron-du-Ciel parvint à sa forge,
Notes
1. Village interdit qui « ne laisse pas entrer un étranger ».
2. Ouvrier de Geno, Baylo-Kammu est le chef des forgerons ; sa forge, c'est la foudre ; elle se trouve dans un certain nuage à base horizontale, précurseur d'orage ; c'est pourquoi lorsqu'il apparaît, on dit que Baylo-Kammu est rentré dans sa forge. Lorsqu'on veut faire avorter un orage, c'est le forgeron du village qui fera l'incantation. Il y a, entre Fulɓe pasteurs et forgerons, une série d'interdits provenant de leurs communes origines.