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Layteere Koodal e Lootori
L'éclat de la grande étoile
suivi du Bain rituel
Récits Initiatiques Fulɓe de Amadou Hampâté Bâ

Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.


       Table des matieres      

Lootori — Le Bain rituel

Introduction

Au Laaytere Koodal nous joignons les chants du Lootori 1, ou Bain rituel, auquel se réfèrent certains vers 2 de Laaytere Koodal. Le Lootori est, pour les Fulɓe, le jour où l'on fête le Nouvel An. Suivant le calendrier lunaire, il coïncida, pour l'année 1969, avec la nuit du 27 au 28 mars. Le Nouvel An s'accompagne, en effet, de réjouissances populaires ainsi que de rites dont le Bain rituel ou Lootori constitue le principal.
Tout commence par une veillée qui se prolonge durant toute la nuit précédant le Lootori. Tout au long de cette nuit, on fait promener le bétail noble (bovins, ovins, caprins) et, au premier chant du coq, on le conduit au bain à la mare ou au fleuve situé à proximité du campement. En même temps, également, les gens s'y baignent et y lavent leurs ustensiles de cuisine et leurs vêtements.
Au cours de la cérémonie, le silatigi récite des prières appropriées et brûle des plantes exorcisantes pour faire régner la paix entre les membres de la tribu et protéger les troupeaux.
Après la cérémonie, on fête la nouvelle année en échangeant des vœux et en pratiquant, entre autres, la coutume du rachat : les grands-parents « se rachètent » auprès de leurs petits-enfants en leur donnant des cauris ou des cadeaux; de même, les oncles auprès de leurs neveux et les cousins issus de frère et sœur.
Après ce bain, on est censé repartir sur un pied nouveau, débarrassé de toutes souillures volontaires ou involontaires et doté, par surcroît, de la protection des génies tutélaires.
Les chants qui suivent sont chantés durant cette promenade qui mène au bain matinal. Les refrains sont repris en chœur tandis qu'un seul chanteur ou tout un groupe, suivant son inspiration, improvise les strophes dont l'appel au bain rituel représente le thème central ; de nombreux autres thèmes peuvent, cependant, être développés, depuis les actions de grâce pour le bonheur et la prospérité du troupeau, les louanges aux vaches ou à la femme aimée, jusqu'aux conseils de sagesse pratique pour « avoir la paix » en se comportant comme il convient envers les princes et les puissants de ce monde, les voisins, les ennemis, les femmes, les malheureux, etc.
Présenté sous forme de monologues en strophes entre groupes de baigneurs, le texte qu'on va lire ne constitue qu'un échantillon de ces chants qui peuvent durer tout le temps du Lootori.

Notes
1. Formé à partir de lootude, c'est-à-dire laver (voix active - voix moyenne - voix passive), lootori signifie bain rituel par opposition au bain ordinaire (lootugol) et à la lessive (loonnugol, lootinugol, lootnugol.
2. Il y est notamment fait allusion aux vers 1000, 1001, 1002, 1003, 1004, 1005 et 1006