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Layteere Koodal e Lootori
L'éclat de la grande étoile
suivi du Bain rituel
Récits Initiatiques Fulɓe de Amadou Hampâté Bâ

Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.


       Table des matieres      

Layteere Koodal — Strophes 1122-1156

mi saawoyoo e ley maɓɓe mi saahoo;
mi wasoto ɓiɓɓe am tokka mi laawol.
— Ko ɓiɓɓe, Baagumaawel wii, heɗa gaa!
So suka rimaama nattuɗo so mo mawnii, 1125
wona garilbu nyaagoo faa nyaama.
Aduna, suudu muuɗum, nduu wolde.
Mbaklilaaku faŋa mbonki ɓe njaada;
ɓe kaɓa e caahu mbiya caakan itta;
ɓe kaɗa ko moƴƴi ittoya yurmeende. 1130
Ndee yo wolde duumiinde e dunya.
Diidi gonɗi dow kokowol paamaa.
Ɓiɓɓe Aada peccaa geɓe mum tati;
yemre fu duu feccitoyaa cili tati.
Aranndeere ndee, feccere toowɓe; 1135
rewi e ndeen ne, feccere fotondirɓe;
leyleylire ndee, feccere jaayɓe,
jaayɓe worɓe ɓe dampata rewɓe
waɗa ɓe daabe, itta ɓe ley rimɓe.
Aranndeere, feccere saahiiɓe, 1140
yimɓe toowɓe hakkille e millo;
ko rewi e ndeen, yo ɗimmere laatiinde
yemre fedde wiyeteende yo yimɓe;
leyleylire yurminoyii e pelle;
wanaa yimɓe sako naata e rimɓe. 1145
Yimɓe pelle tati ɗee kala jillaa
ngaɗaa aawdi, tippaa fa'i leydi;
jiiɓondir ɓe jillii fade saamde;
walaa baawɗo wartirde no wonnoo,
sabu yeɗaaka mboonnuki ɓii Aada! 1150
Ɓe puɗa e leydi ɗum nii woni rimoyee
jillindiroyaa faa jiiɓoo sanne;
ɓe ngara e dunya hono ngesa aawaanga
tiga e nyebbe jaba kam e mbammbaari.
Diidi gonɗi dow kokowol ɗii mbii 1155
ɗum ɓataake Kaaydara waɗi ɗoo nii;
enveloppé parmi eux, j'acquerrais la sagesse.
je conseillerai mes fils pour qu'ils suivent ma voie.
— A propos d'enfants, écoute-moi, dit Baagumaawel.
Si un enfant naît et grandit paresseux,
il deviendra mendiant et quémandera pour manger.
La maison de ce monde est une guerre
où l'égoïsme et la méchanceté se retrouvent, vont de pair,
combattent la sagesse, veulent la balayer, la supprimer,
empêchent la bonté, arrachent la pitié.
C'est une guerre qui s'éternise en ce monde.
Les signes tracés sur le mur, comprends-les.
Les fils d'Adam furent répartis en trois groupes 1
et chaque groupe en trois fut encore divisé.
Le premier constitue le lot des supérieurs;
il est suivi par celui des moyens;
la partie inférieure est celle des vauriens,
hommes médiocres qui donnent des coups de pied aux femmes,
les traitent comme des bêtes, les soustraient des humains.
Le premier groupe est celui des sages
doués d'intelligence et de pensée élevées.
Vient ensuite le deuxième, devenu
rang du groupe nommé des “humains”.
La portion du bas-fond, la plus digne de pitié,
n'est pas celle des personnes, encore moins des bien-nés 2.
Les gens de ces trois couches furent mélangés,
transformés en semences, jetés vers la terre;
se mélangeant les uns aux autres, pour tomber enfin pêle-mêle;
nul, tels qu'ils étaient, ne peut les remettre
car la faculté de revenir aux sources ne fut pas donnée à l'homme.
Ils germent sur la terre, c'est-à-dire qu'ils naissent,
mélangés les uns aux autres, malaxés tant et plus.
Ils viennent au monde comme un champ ensemencé
d'arachides, de haricots, d'oignons et de maïs.
Les traits qui se trouvent sur le mur révèlent
un message que Kaïdara établit en ces lieux.
Notes
1. Développement d'une classification des hommes fondée sur la valeur morale, dont leur place sociale est le reflet; le chef devra avoir une attitude différente avec ces groupes, chacun devant être traité comme il le mérite.
2. Les rimɓe ou nobles sont ici évoqués dans le sens de sages, bien éduqués; c'est précisément là une conception aristocratique ; le noble est aussi le meilleur.
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