Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.
mi saawoyoo e ley maɓɓe mi saahoo; mi wasoto ɓiɓɓe am tokka mi laawol. — Ko ɓiɓɓe, Baagumaawel wii, heɗa gaa! So suka rimaama nattuɗo so mo mawnii, 1125 wona garilbu nyaagoo faa nyaama. Aduna, suudu muuɗum, nduu wolde. Mbaklilaaku faŋa mbonki ɓe njaada; ɓe kaɓa e caahu mbiya caakan itta; ɓe kaɗa ko moƴƴi ittoya yurmeende. 1130 Ndee yo wolde duumiinde e dunya. Diidi gonɗi dow kokowol paamaa. Ɓiɓɓe Aada peccaa geɓe mum tati; yemre fu duu feccitoyaa cili tati. Aranndeere ndee, feccere toowɓe; 1135 rewi e ndeen ne, feccere fotondirɓe; leyleylire ndee, feccere jaayɓe, jaayɓe worɓe ɓe dampata rewɓe waɗa ɓe daabe, itta ɓe ley rimɓe. Aranndeere, feccere saahiiɓe, 1140 yimɓe toowɓe hakkille e millo; ko rewi e ndeen, yo ɗimmere laatiinde yemre fedde wiyeteende yo yimɓe; leyleylire yurminoyii e pelle; wanaa yimɓe sako naata e rimɓe. 1145 Yimɓe pelle tati ɗee kala jillaa ngaɗaa aawdi, tippaa fa'i leydi; jiiɓondir ɓe jillii fade saamde; walaa baawɗo wartirde no wonnoo, sabu yeɗaaka mboonnuki ɓii Aada! 1150 Ɓe puɗa e leydi ɗum nii woni rimoyee jillindiroyaa faa jiiɓoo sanne; ɓe ngara e dunya hono ngesa aawaanga tiga e nyebbe jaba kam e mbammbaari. Diidi gonɗi dow kokowol ɗii mbii 1155 ɗum ɓataake Kaaydara waɗi ɗoo nii; |
enveloppé parmi eux, j'acquerrais la sagesse. je conseillerai mes fils pour qu'ils suivent ma voie. — A propos d'enfants, écoute-moi, dit Baagumaawel. Si un enfant naît et grandit paresseux, il deviendra mendiant et quémandera pour manger. La maison de ce monde est une guerre où l'égoïsme et la méchanceté se retrouvent, vont de pair, combattent la sagesse, veulent la balayer, la supprimer, empêchent la bonté, arrachent la pitié. C'est une guerre qui s'éternise en ce monde. Les signes tracés sur le mur, comprends-les. Les fils d'Adam furent répartis en trois groupes 1 et chaque groupe en trois fut encore divisé. Le premier constitue le lot des supérieurs; il est suivi par celui des moyens; la partie inférieure est celle des vauriens, hommes médiocres qui donnent des coups de pied aux femmes, les traitent comme des bêtes, les soustraient des humains. Le premier groupe est celui des sages doués d'intelligence et de pensée élevées. Vient ensuite le deuxième, devenu rang du groupe nommé des “humains”. La portion du bas-fond, la plus digne de pitié, n'est pas celle des personnes, encore moins des bien-nés 2. Les gens de ces trois couches furent mélangés, transformés en semences, jetés vers la terre; se mélangeant les uns aux autres, pour tomber enfin pêle-mêle; nul, tels qu'ils étaient, ne peut les remettre car la faculté de revenir aux sources ne fut pas donnée à l'homme. Ils germent sur la terre, c'est-à-dire qu'ils naissent, mélangés les uns aux autres, malaxés tant et plus. Ils viennent au monde comme un champ ensemencé d'arachides, de haricots, d'oignons et de maïs. Les traits qui se trouvent sur le mur révèlent un message que Kaïdara établit en ces lieux. |
Notes 1. Développement d'une classification des hommes fondée sur la valeur morale, dont leur place sociale est le reflet; le chef devra avoir une attitude différente avec ces groupes, chacun devant être traité comme il le mérite. 2. Les rimɓe ou nobles sont ici évoqués dans le sens de sages, bien éduqués; c'est précisément là une conception aristocratique ; le noble est aussi le meilleur. |