Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.
mi seyoo saaya, sunu am oo taaya, suddamaare ngalu huuroo dow am 70 Jemma hannde, ana waya hono yoonde kala malaaɗo omtoo hono loonde, ɓutoo heewa heɓa faamu e fayda. Abba accu ɓerndam wona mbulku; mbuuɗu naange ɗal ɗum ɗob mi dooma 75 — Koyɗe pooli ŋoodii dow leɗɗe; fay dawaaɗi ɗaanike hono Wartu Coolel am, haakooc wartu ! Wartu faa mbelaa wonkam, wartu! Wartu, sewngu pute ŋeewii naanen,80 ngu naaɗoyiima faa tan ɗaɗi naƴƴi. Wartu foowrud howlii faa suurii dogii yaltii ana ijasa ana ŋuunya. — Abba haalnoyam yalla na woodi janta koode soomuɗe sirriiji 85 hono no Ɓokki, Nyilwa e Goonoogal maa no leydi soomrata Boonoogal. Mi muuyu annda ɗum abbam guuri. Abba accidain hannde e koode waɗan jenngo heɓa haalda e majje 90 miin e majje nii tan ley kammu danya e majje kaalnuɗe kam huunde — Wartu Coolel am, war kooten ne! Heɗa ko kaal-mi koo war njaaden ne! Ngooƴa jammae, wuttii faa juutii 95 |
pour me réjouir, dissiper mes peines et les fondre afin que s'étende, sur moi, la couverture de chance. Cette nuit est telle une fête heureuse où le bieŋeureux s'ouvre comme une amphore, s'en emplit, en regorge, obtenant science et succès. Père, laisse mon cœur devenir jarre au long col ; le disque solaire, laisse que je l'attende en ce lieu. Les pattes des oiseaux sont engourdies sur les branches. Même les chiens, à présent, sont endormis. Reviens mon Tiôlel, prends garde, reviens Reviens, pour plaire à mon âme, reviens 1 ! Reviens; celle-aux-fines-taches 2, tout à l'heure, a miaulé et s'est étirée à faire craquer ses muscles. Reviens; l'hyène affolée a bondi 3 est sortie en courant et galope en hurlant. Père, dis-moi donc s'il existe un récit où les étoiles recèlent un secret comme le Baobab, l'Éléphant, le vieux Vautour 4 ou encore la terre recouvrant Bônôgal 5. je veux savoir cela, ô père qui as longtemps vécu. Père, laisse-moi, aujourd'hui, avec les étoiles; je tiendrai un conseil nocturne pour parler avec elles. Elles et moi ensemble, seuls sous l'empyrée, j'en trouverai, parmi elles, qui m'en diront. Reviens mon Tiôlel, rentrons à la maison ! Écoute ma parole, viens, partons ensemble ! Le hibou de la nuit a longuement hululé; |
Notes a. Wa'i, forme d'origine, donna wa' qui devint way forme orale retenue ici pour sa qualité rythmique. b. Remarquer le raccourcissement de ɗoo. c. Le complexe haakoo est obtenu à partir de haya et de koo. d. Orthographe rythmique et étymologique, semble-t-il, puisque le substantif serait formé à partir de l'infinitif foowude. e. Autre variante dialectale pour jemma déjà employé dans les vers précédents (cf. notamment vers 47, 48, 51, 55, 57, 6z, 64, etc.) |
Notes 1. Le père veut absolument faire rentrer Tiôlel, car il sait que ce n'est pas dehors que se fera l'initiation qu'il veut lui donner; son appel n'est pas seulement une mise en garde contre les dangers de la nuit. Il n'y a d'initiation possible que si l'élève est « ouvert », c'est-à-dire disposé à la recevoir; il y a des initiateurs qui n'arrivent pas à « ouvrir » leur disciple; ils l'envoient alors à un autre maître qui pourra peut-être y réussir; mais dans ce domaine, rien n'est garanti. Ainsi, dans Kaïdara, seul Hammadi a pu accomplir le voyage initiatique jusqu'au bout. 2. Celle-aux-fines-taches : la panthère. 3. L'hyène et les autres dangers représentent les défauts de la nature et de Tiôlel lui-même, que seul l'enseignement initiatique pourra lui faire surmonter. 4. Cf. le conseil du Baobab, de l'Éléphant et du vieux Vautour (vers 273). 5. L'histoire du Bônôgal est une allégorie du temps : ce poisson qui s'enterre pendant la saison sèche est très symbolique : il met sa queue dans sa bouche (c'est-à-dire sa fin dans son commencement) et le cercle ainsi formé se nomme « pare du poisson »; limite et sépare le connu (intérieur du cercle) de l'inconnu (extérieur du cercle). |