Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.
Dutal maamiraagal kam e Nyiiwa mbaali jemma muuɗum ana kaala. 275 Kaawɗe dunya, ɓettiiɗe e gonɗe, non garooje fu ɓe kaalli timmii. Kala hitaande, kala oo Batu waɗoya, jeeɗɗaɓurdu Baataasari muuɗum, Dutal haala ana hettii Nyiiwa; 280 Nyiiwa haala, faa rewa waɗa tinndi; Ɓokki jaaboyoo, cate muni jantoo; janta Baagumaawel oo hawri, heɗii faami, faa dullaa yimɓe. Yoga waɗoyi mo kaaŋaaɗo mo yoppee; 285 mo hillitaaka ɗum haljintaa mo. Dutal ngal, kii Lekki e Nyiiwa, taton kamɓe keecoy ley dunya, sirri dunya oo fuu eɓe doomnaa. Ɓattinoodo fini faa heɓa nande 290 haala maɓɓe kaa, halkaa maayi; so naa Baagumaawel fittaali. Nanɗo sirru oo fuu wuuraali. Gila mo warti, iwi Loowol Jinni, seeno Baagumaawel hoɗi fey fey; 295 seeno makko ngoo duu ana waɗi ngidu, nufan yoola kala mo mo ardaaki; naatataa ngo mbuubu e mbuureetu fay so mbuuɗu naangal ana fooyni; leydi ndii na wuli hono mbudu taaynaa. 300 |
Le Vautour-ancêtre, avec l'Éléphant 1, tout au long de cette nuit-là, devisaient. Les merveilles de ce monde, passées, présentes comme celles à venir, ils les ont toutes exposées. Chaque année se tient ce Conseil, le septième mois, à son Bâtâssari. Le Vautour parle, tandis qu'écoute l'Eléphant; l'Éléphant parle et même dit des proverbes; le Baobab répond, ses branches font écho; c'est ce conciliabule que Bâgoumâwel avait surpris. Il avait écouté, compris et désormais ne se méprenait plus sur les hommes. Les uns le tinrent pour fou et l'abandonnèrent; point ne s'en affecta ni ne s'en émut. Ce Vautour, cet Arbre, cet Éléphant, tous trois sont les êtres les plus anciens de ce monde; tous les secrets de ce monde, ils en sont les gardiens. Quiconque s'en approcha en vue d'entendre leurs propos, périt de mort violente; hormis Baagumaawel, nul n'en avait réchappé. Quiconque entendit ce mystère n'avait pas survécu. Depuis son retour du ravin des Génies 2, Baagumaawel ne hantait plus que le pays des sables 3 Quant à sa terre, elle formait des sables mouvants qui engloutissaient et noyaient tous ceux qu'il ne guidait pas; ne s'y aventurait ni mouche, ni sauterelle même si le disque du soleil éclairait; la terre brûlait comme du plomb fondu. |
Notes 1. Allusion à un autre conte initiatique selon lequel la première nuit de chaque année, un très vieux vautour qui ne mange que des sauterelles (animal composite, doté de pieds de chameau, d'ailes d'aigle, d'une poitrine de crocodile, de cornes de biche) et habite un baobab — le plus ancien des végétaux — tient palabre avec le plus ancien des animaux quadrupèdes, l'éléphant; ce conseil d'anciens prédit ce qui se passera dans l'année, et ce qu'il faut faire pour éviter ou provoquer les événements. Toute personne qui tente d'assister à ce conseil est aussitôt happée par l'éléphant. On ne sait par quelle astuce, ou en vertu de quel mérite, Baagumaawel fit exception à la règle et reçut l'initiation de ces trois ancêtres des vivants. Rappelons qu'en Afrique, comme en Orient, la nuit précède le jour. La nouvelle journée commence le soir et non le matin. 2. C'est au ravin des Génies que se tient le conciliabule annuel; qui y entre en revient plein de science, si du moins il n'y perd pas la vie. 3. C'est le pays de l'initiation; si nul ne vous y guide, vous vous y enlisez, quelles que soient votre finesse et votre subtilité. |