Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.
wadde golle ɗee koo, ɓe mo wondi 510 mawɓe nyeenyɓe tan nu mo waɗi batula, battataako kaalantu mo ngoonga. Yelaa am, mi ɓura maamam innde; mi manee juuta, yimɓam keɓa neema; ɓe keewa jawdi kebbina koltuuji; 515 kaddu ŋarɗa, be ŋaaŋaaa fay huunde. Ko immanii-mi, ngartaa gere am gaa, koddoyen ne, kokkaa kam feere. Kala ngaɗan-mi ƴeewraa hakkille, jakko-ɗaa ko njii-ɗaa kaalnaa kam. 520 Kala bonannda njil-daa, kaalnaa kam. Ngoonga ir-mi, irtaa kollaa kam. So mi jaɓaali, mbittaa njoppaa kam. Ngonaa moopti laawal ley wonkam; ngonaa ɗowdi am, njokkaa e terɗam. 525 Jiiɗo kam, ɗo yii kam fuu fuu yii maa. Mi taaɓataako, tawdaaka e maaɗa. Ko golloyan-mi kala tawa aɗa yarrii ». Miili Baagumaawel wii: « Mi waawaa. Mi anniyiima yaha Saahal wuura, 530 yalta yimɓe, wuuroya dow toowɗe tule daneeje yoga kala njaareendi e naɗɗe mawɗe faa nanndi e gayɗe; doon ɓuran-mi ɓattaade e Laamɗo ». Nde haali Baagumaawel faa timmi, 535 ɓamti haala wowloy Joom-Jeeri: «Hedda saare, nguuraa ley yimbe, golle moƴƴe maaɗa, ɓe keɓa tinoroo. Moƴƴo Laamɗo guurɗo e ley ladde, oon na nanndi sewnde e ley ferro; 540 hewtataake, yarataake so lootee. Hedda saare, hettam fa mi haalne ngonaa ballo am mi laamoo ŋarɗa; |
accomplir cette œuvre; ses compagnons n'étaient que de vieux sages dont il s'entourait; sans jamais le flatter, ils lui disaient la vérité. Mon souhait est de surpasser mon aïeul en renom, qu'on dise grand bien de moi, que mes gens aient la prospérité, qu'ils soient comblés de biens et couverts d'atours, qu'ils soient magnifiquement vêtus et ne manquent de rien 1 Ce qui m'a incité, c'est [le désir] de te voir revenir auprès de moi afin qu'ensemble nous habitions, que tu me livres la méthode, que tous mes actes, tu les considères avec ton intelligence, les pèses et me confies ton point de vue ; chaque fois que tu verras une action néfaste, tu me l'interdiras; sij'enfouis la vérité, tu la déterreras et me la montreras; si je refuse [ton avis], tu t'en iras, m'abandonnant. Sois comme une lampe en mon âme. Sois mon ombre à mon corps attachée. Qui me verra, partout où il me verra, te verra aussi; je ne saurai faire un pas sans toi; pour tout ce que je devrai faire, il me faudra ton accord. » Baagumaawel réfléchit et répondit : « je ne puis. J'ai décidé d'aller vivre au pays du sahel, de quitter les hommes et d'aller vivre au sommet des dunes blanches faites surtout de sable et aux vallées si profondes qu'elles semblent des gouffres c'est là que je serai le plus proche du Roi. » 2 Quand Baagumaawel eut fini de parler, Joom-Jeeri prit la parole et dit : « Reste dans la cité et vis parmi les hommes; de ton bon travail qu'ils aient le bénéfice. Un sage de Dieu qui vit à l'écart est comme une source en pleine brousse on ne peut l'atteindre, y boire, ni s'y laver. Reste dans la cité, écoute-moi et je te dirai “Sois mon aide et je serai un chef admirable”; |
Notes a. ŋaŋude woni, yo tuuyeede, muuyde hedde huunde. |
Notes 1. Le degré de puissance d'un noble se mesure non à ses propres marques de fortune, mais à l'aisance, aux richesses de « ses gens », de son peuple ou de ses captifs, de ceux qui dépendent de lui. 2. Il est dans la tradition qu'un sage doit terminer sa vie dans la solitude, ou tout au moins la retraite. Le Roi, ici, c'est Geno. Le sens complet de Laamɗo est : « celui qui tire quelque chose du néant et l'entretient jusqu'à sa complète perfection ». |