Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.
ko hawri forja falondira yoga kaɓta. Walaa fuu ko yuɓɓii kala wuurtoo; nii bonirta fii laamu nde leyɗi, laamɗo saama follee faa yalta, 875 suudu leyɗa faa su fuu jokka. Nyannde baalde tati kiɓɓoyi timmi, naange ɓuumni ana ndaaroya saamde, kawri Baagumaawel e Joom-Jeeri, ɓe njaadi suudu Hammadi iroyaa e mum. 880 E newre Baagumaawel waɗi uurdi, mo nirki ɗaati uurgol faa wonki, waddi uurdugel waɗi hen coondi; conndi uurdi ndii mo nirkoyi ɗaati. Yulɓe uurdugel jaawini conndi; 885 cuurki runndi, ndaa maa kaawniiki! Ki hunyii toowi ɗiillii waɗi jookli hofoo hommboyoo fooccoo linnga a wiyan binnde moodibboa jinnaaru. Cuurki heewi, wontoyi sigi mbeeyu, 890 kii, nii Baagumaawel ƴeewoyta, mo janngi faami anndi ko kii firata. Yeeso makko ngoo fooynii seynii. ɗum daliilu ko mo yii koo mettaa liɓi e makko seyo faa omo suurta; 895 cuurki nanndi kam wii jaabaama, yelaa Baagumaawel hewtaama: « Barka barka! albarka ko heewi! » |
là où régnait l'harmonie, c'est la discorde, pour certains même, le conflit. Plus aucun ordre, tout s'éparpille ; ainsi se gâte le pouvoir lorsqu'il déchoit ; le chef tombe, il est destitué et enfin s'en va ; si c'est une dynastie, il entraîne les siens dans sa chute. Quand les trois jours furent entièrement révolus, comme le soleil fraîchissait, commençant à décliner, d'un commun accord, Baagumaawel et Diôm-Diêri, ensemble se rendirent à la maison où était enseveli Hammadi. Dans sa paume, Baagumaawel prit de l'encens qu'il réduisit finement en poudre; le parfum en monta jusqu'à l'âme. Il apporta un petit encensoir et y mit la poudre, cette poudre odorante qu'il avait finement écrasée 1. Les braises de l'encensoir enflammèrent la poudre ; la fumée s'éleva dans l'espace. Vois comme elle est merveilleuse ! Elle monta très haut, s'enroula en volutes, s'inclina, se courba en faucille, s'étendit, ondoyante telle l'écriture d'un génie lettré 2. La fumée abondante forma des signes dans l'air 3 et c'est cette fumée qu'observa Baagumaawel ; il la lut, comprit et sut ce qu'elle signifiait. Son visage s'éclaira de contentement, preuve que ce qu'il vit était loin d'être déplaisant. Cette vision l'envahit et sa joie s'exhala la fumée semblait dire qu'elle acceptait ; le souhait de Baagumaawel était réalisé. « Merci, merci, merci beaucoup! » |
Notes a. Lire moodibo. |
Notes 1. Il y a plusieurs sortes d'encens, le barkanti: encens médicinal et magique; le worodaga: encens de savane, aphrodisiaque; le manyokise: encens ordinaire qu'on brûle dans les maisons pour les parfumer et chasser les insectes. 2. Ce sont là clichés traditionnels de la poésie pular/fulfulde ; poésie pratiquée tous les ails ait cours des joutes poétiques qui avaient lieu au retour de la transhumance; on attribuait alors le prix du bœuf gras et le prix de poésie; celui qui le gagne dira : « pendant qu'un tel s'occupait de ses bœufs comme un boeuf, moi je broutais dans le champ du Grand parler pullo ». 3. Divination par la fumée : on interprète ses mouvements, selon qu'elle se dirige à gauche ou à droite, ou ailleurs, poussée par un des 8 vents venant des points cardinaux — chaque vent ayant nom et fonction particulière. Exemple : le vent d'est, amenatit pluies d'hivernage et bestioles nuisibles aux troupeaux, est jugé inquiétant (car peu d'eau est néfaste, trop d'eau est mauvais); dès lors il nécessite une prière pour qu'il ne soit pas néfaste. C'est selon des principes analogues qu'on pratique la divination par l'urine de taureau ou « marche du serpent » : ligne ondulant sur le sol. |