Edité par Lilyan Kesteloot, Amadou Hampâté Bâ, Christiane Seydou, et Alfâ Ibrâhîm Sow
Collection Classiques Africains. Paris. Armand Colin. 1974. 149 p.
jeeɗɗi ɓuutte maanduɗe faa laaɓi. Jamaa oo nde yiinoo nduu sawru, 1025 yoga huli, teddungal waɗi heewɓe, diccoyii e dow leydi ɓe jowti, ɓe deemti juuti hono tan du'otooɓe. Ndeen ni Baagumaawel e Joom-Jeeri kaaldi seese dicciiɓe na kettii. 1030 Hunci sawru Baaguma faa toowii, mo hunciroyi ndu ngoo maa junngoa nyaamo; mo hofi peɗeeli nano waɗi sappordu foocitoyi ndu faa juuti mo sappii, mo sapporii ndu Joom-Jeeri mo holli: 1035 « Annii taana laamiiɗo jiɗaaɗo mo yoga na anndi, Hammadi laamiiɗo. Jinni maamiraaɓe e suuɗiiɓe kala jaɓii ko Dunndari oo waɗi koo, ɓamde laamu hokkoya Joom-Jeeri 1040 mo jenngataa e huuwoyde ko saahii, ko ɗaayi fuu mo wattaa wattaake e leydi maammakko e baammakko. Omo nii koy, mi hollii on kaalon. Soonb jaɓii mo laamoo on sonkon 1045 sonko fedde weltiinde e huunde. — Geno yo toownu juunnana Joom-Jeeri, welna laamu, welnana laamaaɓe! Laamu makko, ɗum tan min njelinoo; warii hannde, min fuu min ndoondoo, 1050 kumoo teeŋa wontana min dawla! Min njaɓii, min njaɓii Joom-Jeeri! Wanaa jaɓde tan, min njarniima! Kala kooc aawi, min ndooma moƴƴa; togge holli, min peƴƴan laaɓa; 1055 |
il formait sept gros nœuds nettement apparents. Lorsque la foule aperçut ce bâton, d'aucuns par effroi, la plupart par déférence 1, firent une génuflexion jusqu'au sol pour saluer. Ils restèrent longtemps concentrés, comme s'ils priaient. Alors Baagumaawel et Joom-Jeeri lentement parlèrent pendant que les agenouillés écoutaient. Baagumaawel leva haut le bâton, le souleva de sa main droite, plia les doigts de sa main gauche et, de son index 2 longuement dressé, désigna et présenta Joom-Jeeri : « Voici le petit-fils du souverain bien-aimé que quelques-uns ont connu, le roi Hammadi. Les Génies, les ancêtres et les invisibles 3, ont tous agréé ce que Dundari vient de faire prendre le pouvoir et en faire don à Joom-Jeeri qui n'attend pas la nuit pour bien agir. Il ne fait pas de vilenie et ne permet pas qu'on en fasse au pays de ses père et grand-père. Ainsi donc le voici, je vous le présente, parlez! Si vous acceptez qu'il vous commande, acclamez-le d'une exultation de foule en liesse. — Geno élève Joom-Jeeri et lui prolonge la vie ! 4 Que son règne soit doux pour lui-même et ses sujets! Son commandement, voilà tout ce que nous souhaitions. Il est aujourd'hui advenu, nous le soutiendrons tous ensemble, et fermement nous ceindrons pour qu'il devienne gloire pour nous 5. Nous agréons, acceptons Joom-Jeeri! Nous l'agréons pour sûr, l'accueillons sans réserve. Tout ce qu'il sèmera, nous y veillerons soigneusement. Les bois qu'il désignera, nous les défricherons à net. |
Notes a. Lire jungo. b. Particule formée de so (particule de condition) et du pronom-sujet on («vous ») ainsi soudés pour des raisons rythmiques. c. Bien que la composition de cette autre particule soit en tous points semblable à la précédente, elle n'appartient pas spécialement au vaste domaine des licences poétiques et le groupe ko o devient souvent koo dans le langage ordinaire. |
Notes 1. Les gens ont peur, car le silatigi lève son bâton pour maudire aussi bien que pour bénir ou pour donner un ordre. 2. Baagumaawel tend sa main droite vers le peuple et sa gauche vers Joom-Jeeri, car le prince doit être serviteur de son peuple et non dominateur ; cela n'est pas tout à fait en accord avec ce qui sera dit plus loin. 3. Il existe, en effet, des génies visibles qui se manifestent et des génies qui n'apparaissent jamais. 4. Louanges rituelles pour le nouveau roi. 5. « Nous allons nous ceindre », c'est-à-dire faire le maximum d'efforts. |