Cahiers de l'Homme. École Pratique des Hautes Études, VIe section. Mouton et Cie. Paris, 1961, 95 pages.
[1] Le serpent, qui est ici Caanaba, défend l'accès à la connaissance : il joue d'une flûte à sept trous qui représente la gamme et l'ensemble des sons. Les quatre éléments, base de la création, sont représentés dans cette scène par la poterie « terre ) contenant « l'eau » surmontée d'un « feu » sur lequel souffle « air » le serpent. Si Sile Saajo n'avait pas été digne de la connaissance, l'eau, ou le souffle du serpent aurait éteint le feu. La stabilité des quatre éléments démontre que l'initiation peut lui être accordée. Le serpent se couche alors sur l'ordre de Kumen. Or, de même qu'un serpent mue à chaque saison des pluies, Sile Saajo doit aussi « muer » sur le plan spirituel. Celui qui trouve la mue d'un serpent s'en frotte le corps deux fois : la première pour se préserver de la morsure du serpent mythique, « enroulé dans le périssable » ; la seconde pour évoluer spirituellement.
[1] Sile Saajo perçut une lumière sortant du fond d'une poterie remplie d'eau. Un serpent, face à la poterie, jouait des airs mélancoliques au moyen d'une flûte creusée dans une tige de sorgho et percée de sept trous pour varier les sons.
« O feu ! dit le reptile, pourquoi ne t'éteins-tu pas sur l'eau ? Est-ce que les sons que je tire de la flûte ne produisent pas une brise qui diminue la force du feu et le tue ?
— Serpent, couche-toi! », ordonna Kumen.
Sile Saajo franchit la station du serpent avec une peur refoulée dans le fond du cœur.