Cahiers de l'Homme. École Pratique des Hautes Études, VIe section. Mouton et Cie. Paris, 1961, 95 pages.
Kumen : « Hommage aux rayons des deux soleils unis en un pour éclairer une clairière. Salut aux bergers qui tiennent dans la main droite une lance sacrée et dans la main gauche un bâton en kelli ou un gourdin de nelɓi consacrés.
La force du Pullo est dans le bovidé. Le jour où il n'en aura plus, ce sera la détresse. Les femmes et les enfants ne viendront plus à lui. Il sera considéré comme un père au mauvais héritage. »
Sile dit : « Foroforondu, répands sur mes cheveux tressés en nattes du beurre pour m'empêcher de sentir la chaleur. Donne-moi le mot secret qui me fera trouver en tout temps des feuillages et herbes vertes pour mes animaux. »
[1] Le sixième soleil a trois rayons, le septième quatre.
Les sept soleils ont les couleurs de l'arc-en-ciel. Chacun d'eux correspond à un « ciel » différent ; de chacun des sept « ciels », qui sont étagés, descend une pluie, également différente. Au fur et à mesure que s'avance la saison des tornades, la pluie vient d'un ciel supérieur au précédent. On incante l'arc-en-ciel, dit « buveur de tornade » yara toɓo, pour qu'il arrête la pluie, et s'oppose à la chute d'une quantité excessive d'eau qui serait nuisible aux troupeaux.
D'autre part, les « rayons » sont la voie de Dieu ; la « voie du ciel » suit les rayons. Au nombre total de douze, les rayons des sept soleils correspondent aux mois lunaires. Toutes les offrandes importantes, effectuées pour la sécheresse, les éclipses, les épidémies par exemple, comportent des dons de douze objets ou douze animaux (par village, par famille, ou même par individu). La divination est exécutée avec douze cauris.
[2] On se sert de la main droite pour ce qui est sacré et pur ; de la gauche pour les purifications effectuées après un acte qui comporte une souillure. Sile mettra la main gauche sur l'épaule de Kumen, comme un aveugle ferait pour se guider, afin de ne pas tomber, pendant l'épreuve, dans l'embûche ou l'impureté.
[3] L'écorce de caïlcédrat, comme le suc du daraɓoggel (baobab nain) est amère. Ils constituent pour l'homme une purification et le préservent contre les effluves nélastes et les mauvaises influences. On protège ainsi les yeux qui voient, la bouche qui parle : la parole entraîne plus encore de dangers que la vue.
[1] Foroforondu dit : « Sile, tu auras tout ce que désireras, mais ce sera dans la clairière où les deux soleils mêlent l'un ses trois rayons aux quatre de l'autre, pour éclairer le bienheureux qui saura défaire les nœuds et qui donnera les noms de nos laareeji en spécifiant celui qui, parmi les quatre principaux, a donné naissance aux trois autres. »
[2] Sile dit : « Quand la somme de tes questions m'envahira, Kumen saura me venir en aide. Dans les gouffres des nuits où siègent tes laareeji, Kumen saura me guider. A travers tes artifices, je marcherai ferme, car ma main droite sur le cœur, je poserai la gauche sur l'épaule de Kumen ».
[3] « Foroforondu, puisque tu t'opposes à moi, j'ai pour ta bouche de la poudre de caïlcédrat et pour tes yeux du jus de daraɓoggel. » Comme intimidée par les paroles prononcées par Sile, Foroforondu alla soulever quelques lianes et dit : « Viens, Sile, je vais te conduire au lieu dit : …