Cahiers de l'Homme. École Pratique des Hautes Études, VIe section. Mouton et Cie. Paris, 1961, 95 pages.
Dès que Kumen et Sile dépassèrent l'espace éclairé par le cinquième soleil, ils entendirent un grand remue-ménage.
[1] [Le] kaggu et le ngaynirki [sont] les autels des pasteurs.
[2] Le rayon du cinquième soleil est orangé. La connaissance comporte des degrés, en relation avec les trois catégories de troupeaux : la première est associée aux caprins (elle comporte certains éléments de magie), la seconde aux ovins ; la connaissance suprême est associée aux bovins. Dans la neuvième et la dixième clairières, l'instructeur parle de la brebis sacrée et de l'agneau céleste. C'est dans la douzième clairière que paraîtra le bovidé hermaphrodite, symbole de la connaissance suprême.
[3] Morimawɗo, litt. : « grand vénérable » est le père de Foroforondu .
[4] Avec l'écorce de koyli, on confectionne une préparation pour teindre d'ocre les vêtements et les tissus.
[1] Kumen dit : « Nous allons être mis en présence de Foroforondu. Elle est mon épouse, mais c'est elle qui commande le laitage et en dispose. C'est elle qui veille sur le kaggu et le ngaynirki (autels des laareeji). Ne te soumets pas à tous ses ordres. Elle te perdrait. Elle te présentera nos petits dieux et te demandera de les lui nommer. »
Kumen enseigna à Sile les mœurs des laareeji et ce qu'il lui fallait répondre à propos de chacun d'eux.
Kumen : « Je reviens des pâturages accompagné d'un hôte : c'est un invité de marque, un convive plaisant. C'est un Pullo ardent dans les choses des bœufs. Il vient vers la déesse du lait pour demander des conseils. »
[2] Foroforondu qui agitait la crème dans une baratte en calebasse et qui faisait un bruit terrible, se leva et alla vers Kumen. Elle lui dit : « Comment as-tu consenti à faire venir ici un humain ? Oublies-tu que le rayon orange du soleil cinquième est une flamme ? Que fais-tu de la tradition du taureau sacré et de la vache-mère et de l'agneau céleste ? »
Foroforondu s'adressa à Sile : « Je suis attentive à tes demandes, fais vite et sors en sautant comme un agneau et retourne d'où tu es venu. »
[3] Sile : « N'en déplaise à Foroforondu, déesse du lait, reine du beurre, je me trouve si bien sous le rayon du soleil orange qu'aucune parole, aucun acte, ne sera assez rude pour m'en faire partir. Je suis prêt, si Foroforondu le veut, à observer tous les préceptes du kaggu et les interdits du ngaynirki. Mais je ne m'en irai pas. Sous ce soleil, je ne crains rien. Au contraire, je suis dans l'allégresse. O fille de Morimawɗo, donne-moi du lait à boire et dis-moi le « nom caché de la vache ».
[4] « Foroforondu ! je t'en conjure par ton père qui fut le grand sacrificateur aux sept rayons, fais-moi conduire dans la clairière onzième où le soleil rouge aux rayons couleur du koyli domine et où je te prouverai que je suis digne du parc. »
Visiblement énervée, Foroforondu coula un regard de reproche vers son mari Kumen. Celui-ci dit : « Sile vient voir ce qui se passe chez nous. Il ira s'asseoir au pays des humains, après que le nœud lui sera dénoué, en séance dans la …