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Amadou Hampâté Bâ et Germaine Dieterlen
Koumen. Texte initiatique des Pasteurs Fulɓe.

Cahiers de l'Homme. École Pratique des Hautes Études, VIe section. Mouton et Cie. Paris, 1961, 95 pages.


      Table des matieres      

Douzième Clairière — La lutte finale : invocation à Jalaañ (suite)

[1] Cette partie de l'incantation a pour but d'anéantir la santé et la force dit lion : elle est récitée à la nouvelle lune.
Le ɗoko est obtenu en écrasant le fruit du ɗooki.

[2] kesen désigne l'état d'un corps apparemment sain, mais soumis momentanément à un mauvais sort qui l'atteint dans son intégrité.
cercer désigne l'état d'un être en bonne santé, mais en rupture d'interdit, donc souillé. Une femme en état de menstruation dit : « Aujourd'hui, je ne suis pas cercer », mi waana cercer.

[3] Le roi est celui qui promulgue les lois, qui interdit certaines choses, qui donne des ordres. Interdire, agir, provoquer, promulguer, ordonner, tout est sous-entendu, dans cette invocation.

[4] yen ten ten est le nom secret du lion.
wole wote désigne non l'aïeul, mais le génie qui accompagne le lion.

[1] « Quand j'invoque pour jeter le mauvais sort, je me mets dans du noir sans lune ; l'ancienne a disparu, la nouvelle n'a pas apparu. Je dis alors : « Teins les yeux de l'ennemi et qu'ils jaunissent tel du ɗooko écrasé à coups de pilon et fondu dans une dissolution de souffre ; enfonce-le, en frappant des coups endiablés ; décoche sur lui des épieux destructeurs qui ne s'émoussent sur aucun corps et ne respectent aucune surface ; des épieux qui, une fois introduits dans un corps, rendent la position inclinée douloureuse, la position verticale douloureuse, la position couchée douloureuse et font que le sujet se trouve en tout et partout dans la douleur, pour la douleur et par la douleur.
« S'il absorbe de l'eau, qu'elle se transforme en cause d'altération pour la santé ; s'il boit du lait, qu'il devienne une cause d'altération pour la santé. Que ce qui se mange, se mâche, se croque, se lape, une fois dans son estomac, devienne une cause d'altération pour la santé, en vertu des mots comptés, chargés, combinés et à répéter constamment :
tugu muuse
sugu muuse
yaa say bankun
kesen yaakabeeri
ya kenden yaakabeeri.

[2] « Kesen n'est pas la santé ; cercer n'est pas être sans souillure.
Il n'y a pas à chuchoter
Il n'y a pas à tergiverser
Le souverain n'a pas à hésiter
Le monarque n'a pas à dissimuler
Le roi est celui qui défend.

[3] « Le roi est par ailleurs celui qui met tout en contact, même si le soleil brille d'un grand éclat au point du ciel où il se trouve au-dessus de la tête.
« Renonce à agir par complaisance, car ce n'est pas toujours un agir équitable ; renonce à agir par prévention, car ce n'est pas toujours un agir équitable. Mais le bel agir, c'est celui qui est inspiré par la vérité et la moralité.

[4]« Si le sujet est un malfaiteur égoïste digne de châtiment, lors saisis-le dru, étouffe-le dur, tue-le net, en le tuant par les forces : duufun bafaali; fintun bafaali; wulo kono siibo. Réunies dans le plus puissant des quadrupèdes carnassiers : yen ten ten, qui en entrant fait pajaj, et en s'enfonçant fait saybankun. Il fait le tout à la manière de son grand-père wole wote. Ce dernier, sommé de comparaître en justice, ôta la vie d'une manière violente à celui qui l'assignait. Défendeur, il tua le demandeur, et demandeur il tua le défendeur.

[5] « De même son aïeul wole wote, sommé de comparaître en justice, causa la mort de celui qui l'assigna.
Défendeur il tua le demandeur, et demandeur, il tua le défendeur. Wole wote ! vieux fascinateur, vieux noueur, vieux traceur de l'illisible kulikunte kumpa doolente tambon, biti kaama, kamanaa kaana. Samba Sankalanka! deuxième né (chez les Fulɓe) qui donne avec prodigalité.