Cahiers de l'Homme. École Pratique des Hautes Études, VIe section. Mouton et Cie. Paris, 1961, 95 pages.
[1] kamanan kaana pourrait être rapproché de l'arabe kaman kaana qui signifie « comme cela est ». beldunla est le nom secret de la hyène.
[2] La liste des « esprits » invoqués donne les noms des principaux silatigi instructeurs du Fuuta.
Les noms propres cités dans l'incantation et qui se terminent par jaw, seraient ceux de personnages appartenant à la famille des Jaw ou Jawɓe, qui vivent au Fuuta.
lundan, en khasonkhe signifie « étranger ».
jigi en bambara signifie « bélier, espoir, hospitalité, accoucher », enfin l'impératif « descend ».
kefa en bambara, signifie « l'homme qui tue ».
silam en arabe, signifie « sabre ».
Les Fulɓe distinguent trois sortes d'armes blanches, la première à deux tranchants (épée) kafa ɗemɗe ɗiɗi (litt. « à deux langues »), la seconde à un seul tranchant (sabre) kaafa ɗemgal (litt. « à une seule langue ») et la troisième fine et pointue (dague) nepe.
[3] Une chanson, chantée par les circoncis pendant la retraite, fait partie des incantations de Kumen lorsqu'il s'adresse aux bovidés : « O bœufs blancs, traversant les eaux, regagnant le parc, pour laver le chef du grand village ». (eerel yo ɗi lumba ɗi ndaaɗo, jom wuro mango ɗi loota ɓiraadam). On dit aussi : « Une pluie fine a plu comme pleut le lait qu'on trait » (miso misi misugol ɓiraaɗam).
[1] « Dembanyassoru! hyène à la crinière rude, troisième née de beldunla qui déterre les cadavres et se nourrit de leur chair.
mayseyaa! ilooyaa! fariyaa!
tamboyaa! siti wutulaa!
dambo wutula! keleke mayse
Chef de guerre!
yakunta! yaala dabaare
[2] « O esprits ete ete, enthousiasme et chaleur.
« O esprits neenye neenye, deuil et tristesse.
« O lundenjaw, grand danger : trou profond creusé dans le sol théâtre d'un fait terrifiant et pitoyable qui se passe entre deux esprits importants.
« O gumbalaajaw ! grand danger : quantité considérable de liquide régulateur de la cadence des mouvements.
« O jigijaw! grand danger : tube métallique monté sur un fût, histoire des héros.
« O kefajaw! massacreur, grand danger, long bâton garni de fer pour décrocher les astres.
« O jamberejaw! grand danger : instrument métallique à fendre et à couper ou à exciter le rire.
« O silamejaw! grand danger : épée tranchante d'un côté, dénouement des incidents remarquables.
« O daahaja! grand danger : bâton de vieillard et marque de grande dignité, combinaison agréable de sons.
« En ce, par ce, pour ce et avec ce que je dis de ma soumission à Dundari et cite de la chaîne dont je suis un chaînon, venez, ô esprits ! du 13 au 21 inclus de chaque lunaison. Commandez à vos sujets qu'ils fassent voir à mes yeux, sans me troubler, sans me tracasser, sans me troubler, des choses qui sont cachées.
« Salut à jom jam, « maître de la paix » qui vient doucement jam jam; jam, c'est la paix, jom jam, celui qui la procure. »
Cette litanie récitée et crachée sur le bâton qui servit à Sile fut la cause réelle de l'évanouissement du lion. Sile lui trancha la gorge, il lui arracha la touffe de poils située entre les yeux. Il confectionna le talisman indiqué par Kumen.
[3] La nuit venue, il se coucha en mettant sous sa tête le talisman. Il vit en songe un vieux berger qui sortit d'une vaste étendue d'eau, en faisant paître un troupeau composé uniquement de bêtes blanches. Le vieux berger chantait : « Ohé ! bœufs blancs de tête, faites-leur traverser les eaux et entrer dans le parc. Qu'ils donnent assez de lait pour laver le chef du « grand village » (ou de la cité). »
Quand Sile vit ce berger, il alla vers lui. Le berger dit : « Je connais ton désir, toi qui viens vers moi. Tu viens chercher le nom du bovidé sacré : l'hermaphrodite au pelage bigarré qui paît tout seul dans la clairière où deux soleils éclairent au moyen de leurs sept rayons combinés. Je te donnerai le nom, mais tu le garderas pour toi. Tu le souffleras dans l'oreille de ton successeur en esprit, au moment où ton âme sera convoquée à la séance de la douzième clairière où Dundari siège et décide des derniers sorts. »