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Amadou Hampâté Bâ
Oui, mon commandant ! Mémoires (II)

Paris. Actes Sud. 1994. 397 p.


Table des matieres

Annexe II
La véritable identité de “Wangrin”

Dans les mois qui suivirent la disparition d'Amadou Hampâté Bâ, une thèse commença à se faire jour selon laquelle son ouvrage L'Etrange Destin de Wangrin n'aurait été, en fait, qu'une “autobiographie déguisée” et que derrière le personnage supposé de “Wangrin” se cachait Amadou Hampâté Bâ lui-même. J'ai alors pris contact à Ouagadougou avec Mme Joséphine Vicens, petite-fille de “Wangrin”, pour lui demander si, dans ces conditions, les membres de sa famille entendaient maintenir un anonymat souhaité à l'origine dans leur propre intérêt par leur père ou grand-père. Après avoir contacté ses frères et sœurs, et plus particulièrenient sa mère (Mme Veuve Raoul Vicens, née Moussokoro Traoré), Mme Joséphine Vicens, parlant au nom de sa famille, m'a non seulement autorisée a révéler la véritable identité de son grand-père, mais me l'a demandé expressément :
— Faites savoir qui il était, m'a-t-elle déclaré. Nous sommes tous très fiers d'être ses petits-enfants ! 1
C'est ici pour moi l'occasion de répondre à ce souhait. “L'oncle Wangrin” s'appelait en réalité Sambi Traoré. Issu d'une famille de chefs traditionnels bambaras de la région de Bougouni (Mali), il portait plusieurs surnoms : Wangrin, Gongoloma Soké, et surtout Samaké Niambélé, surnom sous lequel il est resté très connu au Burkina, plus particulièrement à Bobo Dioulasso. Inutile de dire que personne, au Burkina, ne se pose de questions sur la réalité de son existence… Il est cité dans l'ouvrage de François Equilbecq, Contes populaires dAfrique occidentale 2, comme rapporteur ou traducteur de nombreux contes recueillis par l'auteur à Bandiagara, mais avec inversion du nom et du surnom (Samaké Niambélé, dit Samba Traoré).
Des neveux de Samba Traoré vivent toujours à Bamako où l'un de ses frères, BoLidji Traoré, était installé. L'un de ses petits-fils, M. Guy Vicens, a été, à une certaine époque, directeur du Bureau du tourisme de la Côte-d'Ivoire en France.
Sa fille, Mme Veuve Raoul Vicens, ancienne institutrice, a elle-même occupé un poste gouvernemental avant la transformation de la Haute-Volta en Burkina-Faso. Lors de l'une de nos rencontres à Abidjan du vivant d'Amadou Hampâté Bâ, elle m'a assuré que tous les événements relatés dans le livre étaient véridiques, sauf les circonstances exactes du décès de “Wangrin” (peut-être mal rapportées par le griot Dieli Maadi à Amadou Hampàté Bâ, ou mal comprises par ce dernier). Son père ne serait pas mort, en effet, dans le ruisseau transformé en petit torrent où il était tombé par une nuit d'orage, mais aurait pu être ramené chez lui où il décéda peu après, entouré des siens.

Hélène Heckmann

Notes
1. Je l'ai fait une première fois dans un numéro spécial de la revue Sepia consacré à Amadou Hampâté Bâ, paru vers la fin 1992 (no. 6, avril-mai-juin 1991).
2. Réédition Maisonneuve et Larose. Paris, 1972.

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