Classiques Africains. Paris. Julliard. 1969. 181 p.
kanyuma wona huunde battane mum weloore.
Njehee mbuuwee karal ngal yiite monnoob
e muuɗum yeendu mon fade mbeeyu moɗde
ko monnoob yeendu mooɗon nduu moɗannde. »
Taton giƴiraaɓec ɓee njehi mbuuwi nokku. 65
Temmbud ɓe njiiti ɗoon ɗepperee tefaare,
be kuulii tatte mum kala tatte huulii.
Tayɓeref pilndi muuɗum kuule jeenay.
Ɓanŋeg e hayre ndee berkaa ɓaleeri,
oo too ɓanŋe duu tardaa ndaneeri. 70
Sawtu mbeeyunkeejo wii:
— « Ee mon waayiraaɓe! paɗeeji ɓoornee,
ɓamee danngaaji mooɗon mbakko-ɗonno.
Kala fuu gooto mooɗon jagga sawru
saanga e saanga fuu heɓa tuugoyooh hen, 75
noon duu soggiroya daabaawa riiwndii ».
Ɗoon niij temmbu mij wiirniingo junngok
hono du bidiga wayliti tayɓiniindel.
Nde suuɗoym banŋe mayren gaɗaado ɓalewol
Notes
a. kanyum devient hanyum dans certains dialectes orientaux du fulfulde notamment dans le dialecte de Gombé (Nigéria).
b. monnoo est issu du radical verbal moɗ connotant l'idée d'avaler; il est obtenu suivant le processus apocope-assimilationgémination comme en témoigne l'illustration que voici, la forme d'origine étant moɗuno, l'instabilité du degré -u- de la voix active nous permet d'écrire moɗ(u)noo, d'où moɗnoo après élision pure et simple de -u-; l'articulation de la dentale préglottalisée étant généralement difficile, il y a eu assimilation de ce phonème (assimilation progressive d'autant plus normale que la syllabe noo correspond à une longue accentuée) par la consonne suivante, d'où redoublement du -n-; ce qui nous permet d'écrire mon-noo ou monnoo. Ce processus apparaîtra souvent dans la suite du texte et nous nous bornerons à rappeler le radical verbal initial.
c. Forme issue du radical verbal yiɗ (aimer); yugiraaɓe est l'un des synonymes usuels de giyiraaɓe dans les parlers du Maasina et de Yaaga (Haute-Volta).
d. ɗoon e ɗoon, kisan.
e. tefaare ɗeppere.
f. tataɓere; haayre est sous-entendu.
g. Se dit également banpe et les deux formes s'emploient concurremment dans ce dialecte (comparer avec banŋe, vers 79).
h. tuugaade ou tuggaade, formes concurrentes; dans certains dialectes, une seule de ces formes existe.
i. L'accord est fait non pas avec daabaawa, mais avec ɗaandi (bœuf-porteur) qui est sous-entendu.
j. nii est une particule d'insistance pour les petites quantités; ex. : seeɗa nii (un tout petit peu); temmbu nii (à l'instant même).
k. junngo wiirniingo.
l. haayre est sous-entendu.
m. suuɗoyi.
n. Se dit maare dans certains dialectes orientaux (Adamawa par exemple).
sera une aventure à l'issue pleine de chance.
Allez et nettoyez la place 1 où le feu avala 2
votre fourmilier avant que l'air l'eût avalé 2,
lui qui d'un coup avala 2 votre holocauste ».
Les trois amis allèrent nettoyer la place.
Aussitôt ils y découvrirent une pierre plate 3
qu'ils mesurèrent sur tous ses côtés.
Pierre triangulaire, son pourtour neuf coudées.
Une face de la pierre était peinte en noir,
l'autre, par contre, l'était en blanc.
Une voix aérienne dit :
« O vous les amis vos sandales chaussez-les 4,
prenez vos besaces, portez-les en bandoulière.
Et que chacun d'entre vous s'empare d'un bâton 5
pour que de temps en temps il s'en serve comme appui
et pour devant soi pousser l'animal porteur ».
Au même moment, en un instant, telle une main invisible
une force retourna sur elle-même la pierre triangulaire.
Elle cacha sa face peinte en noir
Notes
1. Rituel de purification; les cendres sont les parties que Geno n'a pas acceptées; il faut donc les restituer à la terre, car « si cela ne te sert pas, cela sert à quelque chose, et la terre saura l'utiliser »; tout ce qu'on enlève d'un corps et qu'on jette est ristourne à la terre, et n'importe quelle cendre est sacrée et doit être dispersée sur la terre.
2. Dans la nature, les êtres et les forces s'avalent mutuellement, c'est-à-dire s'anéantissent l'un l'autre (voir plus loin le chant de l'entredévorement universel).
3. La pierre plate représente les deux sciences : l'exotérique (face blanche) et l'ésotérique (face noire); ses neuf coudées de pourtour correspondent aux neuf ouvertures du corps de l'homme et relèvent encore de la science exotérique (tandis que la femme-mère a 11 ouvertures qui relèvent de l'ésotérie). La pierre est triangulaire, car c'est un rappel de la triade pullo de base; enfin, cette pierre représente aussi les trois pays : les deux faces sont les pays de clarté et d'obscurité, l'épaisseur de la pierre est le pays de la pénombre; en initiation, le disciple demande : « Comment dois-je faire passer du sombre au clair sans retourner la pierre? »; le maître répond : « tu dois te transformer en huile de crapaud », car l'huile de crapaud pénètre la pierre; de même l'homme n'a pas besoin de déplacer les choses pour les pénétrer par la finesse de son esprit jusque dans leur profondeur. Cette pierre est donc symbole du monde, symbole des deux sciences, porte de la voie car elle est limite entre le pays des vivants et le pays des nains de Kaydara; enfin elle est la première force en cosmogonie pullo, d'où sortiront les dix autres qui constituent les forces terrestres.
4. Car les disciples-voyageurs ne seront plus soumis au respect absolu; ils auront l'autorisation de poser des questions, de « piétiner les secrets ».
5. C'est le tuteur, le maître indispensable en initiation; le motif avancé « pour faire avancer sa bête » ne sert qu'à masquer le vrai sens du bâton; en fait, seul Hammadi semble l'avoir compris, car il acceptera de « s'appuyer » sur les conseils de ses maîtres.