Classiques Africains. Paris. Julliard. 1969. 181 p.
Ɓinngel Aada aan koo haaka wella… »
Doonyorgal nde haalnoo waya no momtaa,
majjiri siiri; ndeen Hamtuudo sooynii,
mo yii wilwilndu mi heddii mo sonka 130
— « Eehee ɓiɓɓe baabam koo! ngaree gaa
njiyon foofooru nduu koo yalla jinni,
maa daabaawa maa duu foondu poole
jeyaandu e pooli Kaydara leyɗe laamu »b.
Ɗoon wilwilndu kam duu sonki haali : 135
— « Mi daabaac nyiiye am ɗee ceedoylima.
Bibjam ɗee ngaɗoyd kam fedde pooli.
E ley cate koyɗe am dee cinndorii-mi.
Fooyre nyalooma haɗa kam waawde yiide.
Niɓɓere jemma ley muuɗum njiyan-mi. 140
Mun woni maande ɗimmere leyɗe yaama…
yaamana-juuju; Kaydara sirru am jey;
goɗɗuɗo sanne kaa ɓallilɗo Kaydar.
Ɓinngel Aada, aan koo haaka wella… »
Ndeen wilwilndu wii nu kam due majji 145
no doonyorgal waɗoynoo dey so lalli.
giƴiraaɓe sattiif muuyɗe yarngo,
haya noon feeyo annil juuta yaade,
hono suuɗiingog hommbiti ɗum na fooɗa
Ɗomka no jaalorii faa ɗaalli kuunii; 150
kuunol majji ngol dee sirwiniima
ɓeydii taaɗugol du e yaadu majji.
Ɗi beekoya beeku selbuɗo, beeku gulɗo
ndaamaa ɗomka tampere neƴƴiniri ɗi,
taaɗini ɓeyɗi, nduuh maa woowndu taaɗde. 155
Taton ɓiɓɓe Aada ɓee kaa tampoyi faa
pekkori dullitoyi faa kala ɓe majji.
Maayde e hoore muuɗum han wonana ɓe
kisal ngal faa ɓe njeloyii sanne sanne.
Taton ɓee, Demburu woni ɓurtiiɗo semmbe, 160
keddoroyiiɗo doole ɗe sooyniroytoo.
Notes
a. wa'i.
a. L'ordre normal est : jeyaandu e pooli leyɗe laamu Kaydara.
c. Forme réduite pour daabaawa.
d. ngadoyi.
e. hanyum duu.
f. Le radical verbal d'origine est saɗ- et la forme complète saɗ(i)ii.
g. junngo est sous-entendu.
h. yaadu est sous-entendu.
i. dullitoyi.
Quant à toi, fils d'Adam, va ton chemin ».
Le caméléon 1, après avoir dit cela, disparut,
effacé par enchantement; et Hamtuudo qui observait,
vit alors une chauve-souris 1 et se mit à crier
« Ohé! fils de mon père! venez donc par ici
et voyez cet être pareil à un génie,
à un animal ou à un oiseau géant
d'entre les oiseaux du royaume de Kaydara !
La chauve-souris elle-même s'écria :
« Je suis animal, mes dents que voici en témoignent.
Mes ailes que voici me rangent parmi la gent oiseau.
Dans les branches, par mes pieds que voici, je me fixe.
La lumière du jour m'entrave et m'empêche de voir.
Mais dans l'obscurité de la nuit, je distingue.
je suis le deuxième symbole du pays
des Génies-nains et mon secret appartient à Kaydara;
le lointain, le bien proche Kaydara.
Quant à toi, fils d'Adam, va ton chemin ».
Et après avoir dit cela, la chauve-souris se perdit
tout comme le caméléon s'était éclipsé.
Pour les trois amis, l'envie de boire devint intense;
et la plaine immense, en même temps que leur marche, s'étalait,
comme si une main invisible la déroulait, l'étirait.
La soif devint si vive que les bœufs-porteurs beuglèrent.
Et certes leur mugissement lugubre
appesantissait encore leur marche.
Ils fientaient une bouse liquide et chaude
et la fatigue et la soif pesaient lourd sur eux,
ralentissant encore leur marche déjà lente.
Quant aux trois fils d'Adam, ils étaient si las
qu'ils perdirent jusqu'au moindre sentiment de la réalité.
La mort même, pour eux, ne serait plus que délivrance,
au point qu'ils la souhaitèrent avec ardeur.
De tous les trois, Demburu était le plus résistant.
Des forces lui restaient encore pour explorer l'horizon
Notes
1. Pour respecter le rythme et l'intérêt du récit, on n'expliquera pas, durant cette présentation des 11 symboles de Kaydara, leur signification respective; d'abord parce que le récit lui-même les révélera plus loin, ensuite parce que cela détruirait une des caractéristiques de l'initiation dont nous avons déjà parlé : la lente progression dans la connaissance et l'ajournement des réponses aux questions trop empressées.