Classiques Africains. Paris. Julliard. 1969. 181 p.
Hejjala woy ɓe tawi dam naatataako! 230
Ndaamaa kuule jeegom daɗɗii bolle
annii piltoyil faa nawre huumnia.
Baa Ndaamaari, Fokosere Neene, Ndaamaa
Kaawal Mawna-hoore yo ɗee ngonoyb hen.
Biyaade na pamɗi tooke e goɗɗe majje 235
ɗeen sakiraaje tooki fa ɓurti tooke.
Kala eti maɓɓe waylii wonti meere.
Demburu e yaadiraaɓeec njaari caggal.
Ɓe toowti ɓe pooftinii ley lekki mawki.
Ɓe ngondi e miilo nii kam e bontoyaade. 240
Hammadi sonki : « Holi ndee nawre kaayɗe!
nde ko ɓuri leydi ndii fuu bolle tooke
woni faddiiɓed ɗame maa jumpataake?
Mo yimi : « Ee maa tayoowal goddi nawre!
Bone hippiima ɗomɗuɓe faatuɓe e maa. 245
Bone min kawri kiɓɓudo, ɗomka njoorka!
Miɗon nii maaya woorooroy e torra.
So ma mi yima bolle maa ɗee cirwiniide
so yurmoo hettinoof jimi leydi am ɓii.
Mi iwɗo e sii subaaɗo to naange funnag 250
Ɓe iw-mi e mura ndewii ana sogga jawle
gila funnaange fa ɓe njottii to gorgal
nyeegortooɗi heeseh na bammbi fayngo,
ɗum ɗee yonngo manngoi waɗoyngo huyre.
Nagge e neene homo fuu muyninii kam. 255
E ɓinngel nagge ley huɗo mawnidimmij.
Nde koɗo wari weeri suudu amamk,
ɓiraaɗam wonta ɗum ko yara.
Nebbam duu dewreteel ndeendii.
Notes
a. Forme issue du radical verbal huuɓ-.
b. ngonoyi.
c. yaadiraaɓe ɓe deviennent yaadiraaɓee dans le mouvement rythmique du vers.
d. La forme correcte est faddiiɗe (bolle faddiiɗe) ; mais il peut y avoir personnification des serpents, étant donné le contexte.
e. ndiyam est sous-entendu.
f. Ici, le radical verbal est heɗ- et la forme complète heɗ(i)tinoo.
g. Issu du radical fuɗ- connotant l'idée de pousser, germer…
h. Métaphore pour désigner les vaches ; na'i est sous-entendu.
i. Forme obtenue à partir de la racine mawn- (grandir, croître); la forme originelle est mawn(u)ngo qui devint mawngo …
j. Le syntagme mi mawnidii devient mawnidi-mi lorsque le pronom-sujet mi est antéposé ; et cette nouvelle forme donne mawnidimmi par assimilation.
k. Ici, le mouvement général du poème change et ce changement est bien marqué dans la chanson.
l. La forme complète est def(i)r(e)tee qui devient donc defretee et finalement dewretee ; le radical verbal initial est def- : faire cuire…
Hélas et pauvres d'eux! ils la trouvèrent inaccessible.
Voici que sur six coudées, des serpents la tapissaient
et s'y tenaient, cernant toute la mare.
Père Boa, Mère Vipère,
Oncle Cobra, étaient présents.
Ceux que, parmi leurs autres cousins, l'on dit moins venimeux
l'emportaient en venin sur le venin lui-même.
Toutes les tentatives des voyageurs furent vaines.
Demburu et ses compagnons marchèrent à reculons.
Ils allèrent se reposer sous un arbre géant.
Soucis et désespoir y furent avec eux.
— « Quelle est donc cette mare-mystère, s'écria Hammadi,
surpassant toute la terre en serpents venimeux
qui défendent avec force ses eaux intouchables ? »
Il chanta : « O toi! mare de désespérance !
Malheur aux altérés qui se dirigent vers toi.
Notre malheur fortuit est un malheur pressant : la soif aride !
Nous nous mourons de peine et de chaleur intense.
S'il me faut chanter pour que tes serpents en furie
compatissent, prête l'oreille aux mélopées 1 de mon pays.
Je descends d'une race élue, une race du levant.
Mes ancêtres cheminèrent derrière leur bétail,
de l'Orient à l'Occident où ils parvinrent enfin
avec des lentes-de-marche 2, portant leur graisse au dos,
leur majesté bossue dont la bosse est charnue.
Et la vache et ma mère m'ont donné de leur lait.
Avec son petit veau, dans l'herbe, j'ai grandi.
Quand l'étranger vient loger chez nous
c'est le lait qu'on lui donne à boire.
Avec le beurre est préparé son grain.
Notes
1. Cette mélopée de Hammadi est un rappel des traits essentiels de la nation pende : origine orientale; pasteurs des bœufs à bosse; hospitalité envers l'étranger; le lait et le beurre comme nourriture principale; alliance avec la vache; sans oublier la mention de la « noble race » à laquelle appartient Hammadi.
2. Métaphore pour désigner les vaches.