Classiques Africains. Paris. Julliard. 1969. 181 p.
Hoto hen moƴƴo-jinni
semmbina kille faama 480
fa miin keɓa maale faamu
anndal layli kuɗɗe? »
Yo ɗoon ɓii henndu jaabii
Mo wii:
— « Suka baylo kaa wifoyan 485
fa ɗum waɗa duuɓi keewɗi
fade mobbo mum jannginde
anndal ngoonga kala kuɗɗe
gaɗoowal faa mo waawa
waylude jamɗe waɗa kaaki 490
gollirteeɗi soobee.
Ko haɗi oo nyemtinonnoa
ee moon ɗannoyiiɓe
to Kaydara leyɗe kaawɗe! »
Ɓinngel henndu tuma deƴƴi 495
yo ndeen tiba lekki kii saytii
wirfiti faati e ki wonnoo.
Ɗum waɗi watti laabi tati.
Nde Hammadi wii be : « Sikke walaa
ɗee ɗiɗi duu e maale jeyaa ». 500
Yo ɗoon nii foondu wordu diwi,
noondundu leeɓi faa sanne
sonndu e koyɗe mum ngojji
hakkunde leɗɗe diw-diwni,
endu wiya : « Jooni on kewtii 505
faa ley wuddu gure gotte; »
njaadini daaɗe leɗɗe ɗiɗi :
— « Minen ko min funeeɓe ɗiɗon.
Minen ngoni ngora ndewaaɓe ɗiɗon.
Notes
a. Forme dérivée du radical verbal nyemmb- connotant l'idée d'imiter.
D'où viendra le bon génie
qui développera les connaissances de l'esprit,
qui nous fera comprendre les signes
et connaître le sens vrai des choses ?
Ce fut alors qu'un sylphe répondit 1;
il dit :
« L'apprenti-forgeron actionne les soufflets
pendant de longues années
avant que son maître lui apprenne
le sens secret des choses
lui donnant puissance
de transformer les métaux
pour en faire des outils fort utiles.
Pourquoi ne pas l'imiter,
ô vous qui voyagez
au pays mystérieux de Kaydara ? »
Lorsque se tut le sylphe,
la frondaison quitta le nouvel arbre
pour aller recouvrir le premier.
La scène se fit et se refit trois fois.
Alors Hammadi leur dit : « Il n'y a pas de doute,
ces deux arbres relèvent aussi des symboles. »
Aussitôt un oiseau mâle s'élança;
plumage multicolore,
bec et pattes rouges;
et entre les deux arbres voleta
en disant : « À présent, vous êtes entrés
au nombril du village des nains; »
et les deux arbres reprirent en chœur
« Nous sommes deux jumeaux.
Nous sommes le couple hermaphrodite 2
Notes
1. Le sylphe fait aux trois compagnons un nouveau rappel à l'ordre, à Demburu qui se plaint, il rappelle le long apprentissage du forgeron, alors qu'il ne s'agit que d'un métier manuel ; pour connaître le « vrai sens des choses », combien plus long devrait être l'apprentissage et plus grande la patience de l'élève !
2. Référence à une notion fréquente dans les cosmogonies africaines : celle qui affirme que l'homme des origines possède les deux sexes. C'est pour les Bambara « une loi fondamentale de la création, chaque être humain étant à la fois mâle et femelle dans son corps et dans ses principes spirituels » (G. Dieterlen, Essai sur la religion Bambara. Paris, P.U.F., 1951). On explique du reste souvent les rites de circoncision et d'excision par la nécessité de faire passer l'enfant de façon définitive dans son sexe apparent.