Classiques Africains. Paris. Julliard. 1969. 181 p.
ana ngadi leeɓi cewɗi gadoyɗi bukki
cinkal dammbalala ana yaawi saamde
hono tagu duule baage de naange ɗalata
e kammu so kam mutii fade futuroo warde.
Hammadi dun-ya nduu ana way no foondu 1970
ndu koyngal muni kanyum e wiifoongo wooto.
Jiiɗo ndu fuu wiyan ana waawi nannga
kaa kaayniindu soroyan e koyɗe yalta
lohiiɓe ndu jalkitoya wiya : ngal kay a nanngan!
Hono no maayde waawaa lanna wonkii 1975
noon kaananke heɓataa timminoyde abada
nyalaaɗe so juutoyii maa ndaɓɓiɗii fey.
Moƴƴin nyalɗe maa mbittaa ta minsaa
iwaa e dow leydi ndii heddoo na talloo
e dow mum hoore ana ƴonnyoya dadiiɓe 1980
faa danya leydi dammoya fanndinoya ɗum.
Higgere woowi doobal gorko gooto
ana tummbii e rewɓe taton ma nayɓa
ɗum woni maande gorko mo rewɓe heewɓe. »
— « Ko ɗum waɗi rewɓe nayɓinoyaa tawaangal? » 1985
Hammadi lamndoyii ɗum yidde faamu.
— « Buutoorin wiyani Helleere ɓii mum
Dewlaa rewɓe faa yottoo nayon kep!
maa duu gooto debbo nayon potoyɗo;
dewlaa debbo moƴƴo ɓamaa mo ŋarɗi 1990
ɓamaa ɓeynoowo on woni yaaya ɓaade,
Note
ako balɗe mum daɓɓiɗi.
porte aux joues symbolise les parures éphémères
qui ne durent guère plus longtemps
que les rougeomients dorés que le soleil, au coucher
abandonne sur le ciel, avant le crépuscule.
Hammadi, ce monde est pareil à un oiseau
pourvu d'un pied unique, doté d'une aile unique.
Tout homme qui le voit croit pouvoir le capter.
Mais l'oiseau bizarre s'engage sous ses pieds et passe
en lui disant par défi : reviens ! cette fois tu m'auras !
Tout comme la mort ne peut épuiser l'âme,
jamais un seul monarque ainsi n'épuise les jours,
qu'ils s'allongent ou qu'ils se raccourcissent.
Remplis bien tes jours et pars sans regret
de cette terre qui toujours, sur elle-même
roulera en dupant ceux qui la convoitent,
qui veulent la dominer et puis en disposer.
L'outarde vit par groupe d'un mâle
et de trois ou quatre femelles,
ce qui symbolise la famille polygame.
— Pourquoi les quatre femmes de notre coutume ?
demanda Hammadi, désireux de comprendre.
— Buutoorin a dit à Helléré son fils :
tu épouseras 1 exactement quatre femmes
ou une seule femme égale à quatre ;
épouse une bonne femme 2, une femme belle,
une femme génitrice pour accroître ta famille
Notes
1. Chez les Fulɓe, ou ne choisit pas sa femme ; c'est l'oncle ou le père qui choisit pour vous, car « un vieux assis au pied d'un arbre voit mieux l'horizon qu'un enfant haut-perché ». Or, il y a quatre personnes à qui le Pullo ne peut jamais dire non : ses procréateurs ou ceux qui en ont le rôle (oncles, tuteurs) ; son maître-initiateur ; son roi ; l'étranger que Geno lui envoie. Cette loi absolue continua à induire nombre d'ethnologues en erreur ; ceux-ci étant envoyés au chef de village par l'administrateur et le chef spécifiant qu'en tous points il fallait contenter « l'étranger de l'administrateur », les gens ou l'interprète répondaient affirmativement à toutes les hypothèses que l'étranger avançait, car c'était le meilleur moyen de le mettre en joie ! Après quoi, l'étranger repartait, complètement « dans la paille » mais ravi de son enquête, tout autant que ses hôtes étaient ravis de son plaisir et conscients d'avoir accompli leur devoir.
On ne peut donc pas refuser une femme proposée par le père ; mais elle ne vous convient pas forcément ; on peut alors en prendre une, deux, dix autres si on en a les moyens, jusqu'à ce que les quatre qualités soient remplies ; si elles sont remplies après un ou deux mariages, l'homme s'en tiendra à une ou deux femmes.
2. Celle qui peut honorablement recevoir les étrangers et qui est bonne gardienne des biens familiaux, peu dépensière.