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Cheikh Hamidou Kane/L'Aventure ambiguë/

Paris, Julliard, 1961. 209 pages


Chapitre II


la même quête recommencera, car le disciple, tant qu'il cherche Dieu, ne saurait vivre que de mendicité, quelle que soit la richesse de ses parents.
La porte du chef s'ouvrit enfin. Une de ses filles parut, qui fit un sourire à Samba Diallo. Le visage du garçon demeura fermé. La jeune fille déposa à terre une large assiette contenant les reliefs du repas de la veille. Les disciples s'accroupirent dans la poussière et commencèrent leur premier repas du jour.
Lorsqu'ils eurent mangé à leur faim, ils mirent précautionneusement le reste dans leurs sébiles. Samba Diallo, de son index replié, nettoya l'assiette sur toute sa surface et porta la boulette ainsi recueillie à sa bouche.
Il se releva ensuite et tendit l'assiette à sa cousine.
— Merci, Samba Diallo. Bonne journée, fit-elle dans un sourire.
Samba Diallo ne répondit pas. Mais Mariam était habituée à son humeur taciturne et presque tragique. Quand elle eut tourné le dos, Demba, le plus âgé des quatre disciples du groupe de Samba Diallo, claqua la langue et s'esclaffa, s'efforçant à la vulgarité :
— Si j'avais une cousine avec des fossettes si mignonnettes…
Il s'interrompit, car Samba Diallo, qui avait déjà fait quelques pas vers le portail, s'était arrêté et le fixait de son regard tranquille.