Dimanche 18 avril 1937 — Arrivée. Maasi vers 15 h. Légère averse, tristesse, vastes plaines des hauts plateaux dénudés. Jamais angoisse pareille ! L'angoisse actuelle paraît toujours la pire. Impuissance et désolation, sentiment de chien perdu, c'est cela le missionnaire triomphant !
« Je n'ose même plus parler aux gens, aux Noirs. J'ai envie de me tuer, de boire l'unique bouteille de vin que je possède. Je relis le programme des études : comment ai-je accepté ? C'est fou — et je sens que je rirai un jour de ces lignes.
« Il y a dans l'air une tornade mal éclose.
« Après tout, les pessimistes signaletil. à grands cris les défauts de la colonisation, mais il n'y a eu jusqu'ici rien qui y ressemblât. La colonisation prétend améliorer : même si c'est une prétention, c'est déjà bien beau. »
26 mars 1939. — Entre Diara et le Niger. — Les chefs de village m'offrent boulettes de riz délectables et poisson frais excellent. J'aime moins le poisson sec et l'huile de poisson : « tu n'aimes pas l'huile de poisson ; il te faut des oeufs de vache ? »
30 avril 1938. — Kourouba. — Logé dans une case nuptiale toute neuve, nette et propre… A un bout de la pièce, autre lit tout pareil, mais lilliputien, pour les poupées des enfants de la maisonnée, avec six poupées en épis de maïs ou en os — y compris la jeune mariée, enceinte, qui a bien 15 ans, engraissée à l'entonnoir, ses petits traits d'enfant, noyés dans la graisse d'une matrone obèse.
12 mai 1938. — Cooki — Arrivé, dans un vaste village au Sud des deux grands lacs Horo et Fati. Mes hôtes sont des gens trop bien pour moi. D'origine arabe, devenus peuls. Thé à la menthe chez le chef. Grande femme grasse et blanche, aux yeux de kolh bleu, l'air fier et méchant. Mioches fins et jolis, mais petits princes gâtés, insupportables.
Goundam. — Zone bâtarde, qui mérite sa faune de bella : serfs des Touareg, nègres brutaux, avilis par le servage, sales et paresseux comme des nomades. — Grosse bourgade de 6 000 habitants.
11 juin 1939. Douentza. — Daouda Sidi, l'éleveur de serpents, magicien, chef de canton, découvreur des objets volés et des voleurs, révélateur des faits et gestes des absents : « Ne le tue pas, ce serpent, nous sommes ainsi. Nous avons confiance l'un dans l'autre d'ailleurs, il n'est pas seul, voici sa mère et ses frères… »
Les Dogon : dans la plaine, des errants, Fulɓe et Touareg, avec leurs chevaux leurs vaches et, leurs chèvres, et, là-haut, à la limite des éboulis et de la paroi verticale, les villages Dogon (ou Haaɓe), invisibles pour un oeil inaverti et inaccessibles pour les terriens d'en-bas. Car il suffit de retirer les « échelles » pour empêcher l'escalade. Leurs maisons sont en pierres, rectangulaires… Et c'est plein de recoins, de couloirs, de trappes, de caves, de greniers, tout un système de terriers confortables… Bons vieux types de braves paysans courageux, qui ont maintenu leur vie libre, gardé leur fierté, leurs pauvres secrets, leurs cavernes, où ils cachent greniers, ruches, ossuaires, leur mythologie et leur pauvre vie d'humains têtus.
Crocodiles sacrés à Jom-Jureere, conservés dans les citernes familiales, changés de citernes quand elles sont à sec. Quelques-uns un peu gros (4 m). — Les Fulɓe d'ici sont très différents des gens du Burgu : vêtus d'ocre, de rouge et de jaune, à peu près comme des voiliers de la côte à la Rochelle, avec des bonnets bleus à galons rouges ; les femmes à trois tresses passées dans un anneau sur le sommet du crâne. Moeurs d'une belle sauvagerie. Fulɓe plus romanichels que curés.
19 juin 1939. — Les lacs orientaux. — Savane à gommiers déserte. Les 3/4 de la Subdivision de Douentza ne sont peuplés que de quadrupèdes ; les seuls grands bipèdes sont les autruches. — La montagne Dogon est truffée de crânes… Les morts sont dans des cavernes, le long des parois, amenés là avec des cordes.
2 juillet 1938. — Bandiagara. — Un torrent, le Yamé, contient une quantité de crocodiles, qui vivent des reliefs de l'abattoir et sont tabou. — Danses : masques de tête assez heureux. Reste de l'effroi, très peu, du mystère.
24 juillet 1938. — Grotte de Deguimbéré où El-Iladj Omar se fit sauter (en 1864), à 20 km Sud-Ouest de Bandiagara. L'endroit est beau, avec des gorges, des à-pics, un petit hameau là-haut. Ai fait des croquis de l'horizon que les regards du pauvre assiégé ont dû contempler avant de mourir (car c'est de là que devait venir le secours attendit, qui vint trop tard).
6 septembre 1939. — Dienné. — La petite vie citadine ancienne suit son cours… C'est un signe de civilisation, cette gentillesse pour l'enfance : les artisans font des jouets, plus qu'ailleurs… Les Syriens ont acheté ici l'an dernier (1938) 2 millions de francs de poisson…
L'idéal européen et pédagogique, de compartiments à frontières nettes, est rarement réalisé. Au Soudan, il faudrait représenter les groupes linguistiques par des points colorés, dont le mélange exactement dosé, donnerait une toile impressionniste. Seuls, les pays habités par certaines populations réfugiées présentent des sociétés très petites, mais bien individualisées.
Qu'est-ce qui « colle » le plus au corps humain : sa langue, ou sa culture ? Des « lignées » vivent, et se déplacent avec des techniques spéciales. Elles se transmettent un capital culturel, une religion, une morale. Et puis, elles changent de milieu géographique et humain : dans un pays nouveau, par contact et mélange, elles peuvent perdre leurs langues et leurs cultures. Or, il semble bien que le langage se perde plus aisément que la culture…
Ces « lignées » ont comme deux tendances ; d'une part, conservatrice (pureté du sang, langue, culture) et, d'autre part, unificatrice (esclavage, mariages politiques, concubinage). Par ordre de ténacité dans la conservation :
En effet :
Heureusement, peu de nationalismes (catholicité de l'Islam — mais, hélas, contre les non-musulmans… ), et donc peu d'antagonismes — ou, du moins, peu de virulence dans les antagonismes.
Pas de « corps de doctrine » , mais le sentiment d'être ce qu'on est, qu'il est bien d'être ce qu'on est. D'où : des rapports hmaains entre les groupes. Quand les conversions se produisent, l'idée de fraternité est facilement acceptée ou comprise. L'Islam donne aux groupes conscience de leur force. De là, le « nationalisme » pullo. Mais il fait, de tout fils d'Adam converti, un frère de la grande famille religieuse, quelle que soit sa langue ou sa race.
« Rechercher, dans une population, ce qui fait, pour elle, l'essentiel de la vie. EL d'abord, l'intérêt qu'elle prend à sa vie : y prend-elle intérêt ? En a-t-elle conscience, de la vie ? Il semble que ce « vouloir-vivre » soit moins ardent chez les populations tropicales que chez les populations européennes. Ce serait comme une torpeur, dans l'automatisme des gestes coutumiers, imposés par les saisons — mais torpeur secouée, de temps en temps, par les émotions violentes : sexuelles, guerrières, du voyage aventureux.
Ce peu de curiosité, relativement. Sans s'attendre à ce qu'ils soient « excités » comme des ethnographes, on penserait, cependant, trouver chez eux plus d'étonnement amusé devant les différences de moeurs des gens qu'ils ne connaissent pas. Et pourtant ? Le commérage, les nouvelles (du pays, des chefs, des amours, des achats de chevaux), le sang « blanc » chez les Touareg — si nettement reconnaissable par son allure, ses pas pressés, ses cris, ses gestes vifs… Pour les Noirs, nous sommes des « agités » . Il admirent notre activité incessante : « Regarde-le, toujours le livre ou la plume à la main. Pourquoi ne peut-il rester tranquille ? »
Les nations commensales. — Il ne faut chercher aucune « pureté » ni raciale, ni linguistique (métissage, évolutions). Des « nations » sont bilingues, ou trilingues : les FulBe parlent songhay, tamasheq, bambara, dogon… Il y a des nations commensales, mais non mélangées : vivant d'activités économiques distinctes sur un même territoire — la vallée du Fleuve (Niger) et les régions adjacentes, dans un rayon de 150 km des deux côtés, sur une longueur de 350 km, le lac Débo formant à peu près le centre de ce territoire (= Maasina, V. Monteil). Ces « nations » ne sont, d'ailleurs, pas groupées sur un territoire délimité, mais enchevêtrées, et en partie mobiles (pâtres, pêcheurs, artisans). D'abord séparées par le sang, les moeurs, les activités économiques, ces « nations commensales » tendent à se métisser et à subir l'influence du terroir commun ; à devenir, comme ailleurs, des unités territoriales, Mais, au Maasina, ce procès a été gêné par la lutte entre les divers éléments, et l'invasion étrangère des Futankoɓe de Seku Umaru en a été le dernier et non le pire épisode.
Nous sommes souvent étonnés de cette conception orientale de gens vivant côte à côte, sans se mêler — et, entre deux massacres, se tolérant assez bien (chez nous, seuls les Juifs, élément oriental et non chrétien, sont ainsi traités). Nous, nous voulons réaliser l'unanimité, même en massacrant nos compatriotes. Eux, pas du tout. Ici (au Maasina), rien de comparable à certains Etats soudanais, comme le Fûta-Dyalô : ces plaines inondées n'ont jamais fourni l'emplacement d'un pouvoir stable. Dienné, Diaka furent des entrepôts, de petites cités insulaires — îlots de vie urbaine parmi la sauvagerie. Les dominateurs éphémères tentèrent de fonder sur un sol plus ferme : Hamdallahi, adossé aux falaises du Pignari ; Bandiagara au coeur des montagnes Dogon et, s'il en avait eu le temps, peut-être ce « nouveau Foûta » (Fûta keyri) fût-il devenu un nouveau Fûta Dyalô — mais, dans la vallée, rien à faire.
Parfois, cependant, la fusion commence. Mais, alors, l'invasion arrive, provoque un exode, et tout est à recommencer. Pourtant, Burgu, Séno et Hayre ont été, grâce à l'esclavage, aux mariages serviles, à la vie citadine, à l'Islam, le lieu de mélanges sanguins et culturels.
Les Fulɓe n'ont jamais eu de culture originale — sauf l'élevage — pour leur vêtement, leur mobilier, leur cuisine, leurs armes. Ce qu'on appelle pullo, en Adamaoua, est haoussa on bornouan ; au Fuuta-Jalon, mandingue , au Maasina, mandingue, soninké, ou touareg ; au Sahel, maure. Les UwarBe sont à demi-maures ; les Fulankiria, aux 4/5e Touareg. Qu'ils soient dominateurs ou dominés, qu'ils soient sous le pied des autres, ou qu'ils les aient sous leurs pieds : cette communauté pullo, à l'origine nomade et encore assez mobile pour beaucoup de ses membres, s'est superposée, intercalée, mêlée à des peuples noirs (cueilleurs, agriculteurs, pêcheurs), qu'elle nomme seɓɓe (Bozo), hombolɓe et samoɓe (Somono), mallankoɓe (Soninké), haaɓe (Songhay) du Fleuve et Dogon de la montagne), humbeeɓe (Dogon de la chaîne orientale), bambarankooɓe (Bamana du Sud), bobooBe (Bobo)…
Cette communauté pullo n'est ni un Etat, ni absolument une fraternité religieuse. Elle repose sur un sentiment de fierté ethnique… Néanmoins, le sentiment racial — en exil, par exemple — l'emportera sur le sentiment territorial : comme pour le Pullo du Cooki, de moeurs à peu près touarègues, mais de langue pullo. On serait tenté de dire que la langue est le fait le plus caractéristique d'une société soudanaise. Le pulaaku est ainsi fondé sur la langue (c'est l'ensemble des gens de langue pular), sur la religion et les souvenirs de la domination politique de Seku Hamadu. On peut aussi imaginer, avec un peu de chance, la formation d'un Islam pullo — schismatique, à la façon persane. Les Fulɓe n'ont-ils pas un certain mépris pour les Croyants non-peuls (Mallankooɓe surtout, Futankooɓe, Safarɓe, c'est-à-dire : Soninké, Toucouleurs et Maures) ?
Pour être peu organisés, ces sentiments sont puissants. Ils s'expriment dans les réactions de la vie quotidienne : dans les chants, de chef en chef, de femme en femme, chez les écoliers, les artisans ambulants et les pèlerins, les transhumants (Ouest-Est), et même chez les marchands (sur le grand axe Nord-Sud : Tombouctou-Kumasi)… Au fond, dans cette société composite, le seul critérium, c'est la conviction des individus : qui se dit Pullo doit être considéré comme Pullo ; qui se prétend musulman est musulman.
Effets de la politesse perpétuelle du langage. Les Fulɓe, et les autres musulmans soudanais, sont, entre eux, très polis. D'une politesse religieuse, où revient sans cesse le nom du Créateur, de l'Eternel. Ce sont toujours des « Dieu te garde, Dieu te protège, Dieu Caméliore, Dieu t'aide » ! Et le nom de la « paix » (Pax vobiscum) : le salut de ton âme (as-salâm). La Paix (jam) s'entend, en somme, de la paix intérieure (ou distingue jam de cellal.). Kori a selli ? Kori a jamu ? C'est le contentement de Fulɓe, et la réponse signifie que l'on croit à la bienveillance de l'interlocuteur, et que l'on s'identifie avec lui : sago maa ! (selon ton désir !) ; sago meeɗen ! « selon notre désir, à nous deux ! » . Je ne dis pas que les sentiments éprouvés correspondent aux formules prononcées : elles sont trop courantes, trop banales. Mais ces bonnes paroles coutribuent à entretenir une atmosphère de sympathie — et de noblesse morale.
Au contraire, chez les Occidentaux, la grossièreté perpétuelle des propos ne signifie peut-être pas non plus obsession sexuelle, mais elle aussi crée une atmosphère qu'on ne peut qualifier de « noblesse morale » . Les ouvriers français, et les étudiants tout autant, ne peuvent exprimer la cordialité que par la scatologie et la sexualité. Aux colonies, c'est sans doute une affectation de « virilité » , de « ton de commandement » , qui fait employer aux Européens un langage très grossier.
La vache est le principal enjeu de la partie, pour le vol aussi bien que pour l'élevage… L'arɗo, le chef de campement, se mue ainsi en chef militaire. Le raid du voleur de boeufs, raid sportif pour se faire admirer des femmes, devient jihad, pour procurer aux femmes des serviteurs : de l'arɗo à l'almaami…
Partir de ce point : la réalité n'est pas la même pour tous : chaque peuple, et dans chaque peuple chaque individu, a ses images mentales. Des images mentales des autres, on ne peut avoir qu'une grossière approximation : essayer de reconstituer la géographie, l'histoire, la religion dans une tête pullo. Grand nombre des notions qu'ils ont : ce sont gens de loisirs et de conversations.
Pourtant, souvent indigence, manque de curiosité, énormes différences individuelles ; grand appel à la mémoire : la place que prend, dans le discours, le dicton, c'est-à-dire la chose déjà dite par d'autres : on préfère citer, plutôt que de faire l'effort de penser.
Les réalités psychologiques sont, finalement, les plus importantes : ce sont des sentiments qui lient les hommes, plus que les nécessités économiques dont ils n'ont pas conscience. La nation pullo existe, s'il y a conscience de nation dans ses membres. De même pour la fraternité musulmane. Ce serait bien trop simple, si nous n'étions en présence que de faits économiques, et d'hommes (homo oeconomicus) qui en reconnaîtraient l'importance, de matérialistes pour qui l'exploitation des ressources naturelles serait l'essentiel.
Mais il n'en est pas ainsi. Ce à quoi ils tiennent, ce n'est pas tant à leurs richesses, à leurs techniques d'enrichissement, qu'à des valeurs spirituelles : la fierté des coutumes ancestrales, la noblesse du sang, la religion, la « science » , leur morale, la langue. Chaque être a le sentiment de sa valeur propre, sans lequel il ne peut vivre : son honneur — individuel, ou celui de sa lignée.
Ces réalités sentimentales, c'est cela que nous trouvons devant nous, comme obstacle, comme sujet d'étude. C'est pourquoi il est intéressant de décrire les sentiments et leur vocabulaire.
Bref, toutes les choses africaines sont des choses pensées par l'Africain — avant d'être des choses décrites par les ethnologues. Et il y a de grandes chances que leur connaissance du Tropique soit plus adéquate que celle acquise par l'étranger. Un poème, en langue soudanaise décrit mieux la brousse qu'un livre de botanique, ou chante mieux la guerre soudanaise qu'un manuel d'histoire…
Aussi cette étude sera-t-elle la descriplion des sentiments des Fulɓe vis-à-vis de leur pays, de leur histoire, de leur morale, de leurs devoirs et, de leurs ohligalions — plutôt que la description de ces choses elles-mêmes. Elle aura une sorte d'exactitude — peut-être moins loin de la réalité qu'une enquête méthodique.
« On parle tant de l'Islam hostile, on regrette que la zone soudanaise soit son domaine — et il est bien vrai que l'Islam et la Chrétienté sont des frères ennemis, mais ce sont des frères tout de même. Grâce à l'Islam, on se sent en pays de connaissance : Bible et Coran, les « Livres » sont de la même encre sémitique nous avons appris, petits catholiques et petits musuluians, à peu près la même histoire sainte, les mêmes légendes des mêmes lieux : notre père Adam tiré de la botte rouge, noire mère Eve, Noé et le déluge, Abraham et Isaac, Jacob et Joseph, Moïse et le Pharaon, et Nemrod, et Salomon et Balkis, reine de Saba — et même Jésus fils de Marie. Sans doute, Roumis et Sarrasins s'accusent réciproquement d'altération des Livres, et la Chrétienté est assez désunie pour savoir que les divergences de détail dans les dogmes séparent, plus que n'unit la commune origine de ceux-ci, mais bien des fois le voyageur au Soudan se sent en famille, grâce à ces vieilles histoires : la Création, le Déluge, la Révélation, le Jugement dernier, le Paradis et l'Enfer, l'âme et la vie éternelle, les anges et les saints. Que de points communs dans le credo des gens des Livres : Orient et Occident (et nos morales sont soeurs : péchés capitaux…) !
La grosse divergence, l'unique, c'est l'attitude vis-à-vis de la chair la luxure n'est pas nommée — le mariage est recommandé, non point comme un pis aller, mais comme un devoir sacré. Sur ce point, seul est coupable l'adultère, considéré comme un vol, une atteinte au droit de propriété, source de conflits sociaux et fraude qui fausse la paternité. Mais la chasteté, la pureté, sur lesquelles s'hypnotisent les moralistes chrétiens ? Ily a bien, chez les Musulmans, l'idée que le sperme est une souillure (comme l'excrément), et les moralistes estiment que l'homme ne doit pas oublier, dans les joies de la chair, ses devoirs envers Dieu, qui lui assureront les seuls biens qui comptent : la Vie éternelle… Religion plus humaine, plus animale disent certains. Est-ce à celte indulgence pour les jouissances sexuelles que les peuples musulmans doivent leur décadence actuelle ? Certains faits semblent le prouver : la rapide usure des civilisations musulmanes, comme celle des civilisations païennes. »