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Yves Saint-Martin
L'Empire toucouleur, 1848-1897

Paris, Le Livre Africain, 1970. 192 p.

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III — Les origines et les débuts d'El Hadj Omar Tall

Les origines

« Parmi les talibé de notre cheikh Tidjani, il en est un appartenant à un pays lointain, jusqu'à l'occident des terres, au Fouta-Toro ; un qui ne faiblira pas, qui est sorti d'un village béni de notre Fouta, village nommé Halwar, devenu brillant à jamais, celui-là est Omar, le Foutanké, fils de notre compatriote Saïdou, fils de la Sokhna Adama, la purifiée qui ne sera pas souillée. » 1

Ainsi commence, après les invocations d'usage à Dieu et à son prophète, le récit en 1 200 versets de La Vie d'El Hadj Omar par un de ses plus fidèles compagnons, Mohamadou Aliou Tyam. On y sent dès l'abord la fierté d'appartenir à la nation et au pays qui vit naître le fondateur du dernier grand Empire proprement soudanais, et la ferveur du disciple, encore ébloui, par-delà les années, du souvenir de l'épopée dont il avait été l'un des artisans.
L'histoire d'El Hadj Omar peut être aisément reconstituée, malgré quelques incertitudes, grâce à une série de documents qui sont l'écho des traditions recueillies auprès des compagnons du prophète toucouleur. Au premier rang de ces documents figure La Vie d'El Hadj Omar, rédigée en poular par Mohamadou Aliou Tyam. Traduit et annoté par le gouverneur Henri Gaden, ce poème recoupe de façon très satisfaisante les renseignements rapportés en 1866 de son séjour à Ségou par Eugène Mage, et publiés dans son Voyage dans le Soudan occidental paru chez Hachette, en 1868. D'autres renseignements généralement concordants ont été tirés des documents en poular ou en arabe conservés à l'Institut Fondamental d'Afrique Noire, à Dakar dans les Fonds Brévié, Gaden et Vieillard 2. Ce que nous savons d'El Hadj Omar nous est donc principalement transmis par plusieurs traditions orales recueillies auprès de ses compagnons.

Omar Saïdou Tall était un Toucouleur du Toro. La date de sa naissance est controversée. Selon les renseignements recueillis par Mage, il serait mort à 69 ans, le 12 février 1864. Mage supposant que cet âge a été compté en années musulmanes, le ramène à 67 ans selon le calendrier occidental : cela fait naître El Hadj Omar en 1797. Mais Gaden fait remarquer que les Toucouleur, gens du fleuve, dont les crues annuelles rythment les travaux agricoles et la vie, comptent les années par saisons de pluies. L'usage d'un calendrier solaire, et non lunaire, n'entraînerait donc aucune correction à faire subir au chiffre avancé par l'explorateur français, informé par la famille même d'Omar. Tyam donne à son héros l'âge de 70 ans en 1864. Cela ferait naître Omar en 1794 ou 1795. Le père du futur conquérant était un marabout renommé d'Halwar ou Aloar, village des environs de Guédé entre le lit principal du Sénégal et son bras méridional, le marigot de Doué.
Saïdou Ousman Tall eut dix enfants, quatre garçons et six filles de son épouse, la Sokhna Adama 3, que, malgré ses nombreuses maternités, Tyam n'hésite pas à comparer à la Vierge Meryem (Marie) et qu'il pare de toutes les vertus :

« Possédant les pleines lumières de la religion au-dedans et au-dehors, elle est un onguent au musc dont le parfum ne se dissipe pas. » 4

Saïdou Tall, très pieux, poussa le soin de ses méditations mystiques jusqu'à se faire construire sa mosquée personnelle pour ne pas être troublé dans ses prières. Peut-être faut-il voir là déjà, un souci d'indépéndance vis-à-vis de la confrérie alors dominante de la Qadriya, dont les adeptes voulurent d'ailleurs contraindre Saïdou à détruire son oratoire particulier 5. L'arbitrage suprême de l'Almami Yûsufu rendit justice à Saïdou, et selon la tradition qui veut que les grands destins soient pressentis dès l'enfance, le chef religieux du Fouta prédit au jeune Omar, qui accompagnait son père, l'avenir le plus brillant :

« Regardez bien cet enfant, car il vous commandera un jour. »

Nourri des préceptes de la religion islamique, et de· ce fait ayant appris sérieusement l'arabe, Omar alla compléter sa formation théologique auprès de la tribu maure des Ida-ou-Ali, dans laquelle avait déjà pénétré la confrérie Tidjaniya. Mais c'est au Fouta-Djalon, par le marabout peul Abd El Karim ben Ahmed Naguel, qu'il fut initié à la voie tidjane. Dans son ouvrage Ar-Rimah (Les Lances) rédigé vers 1845, Omar donne ce personnage comme son inspirateur, le Maure Maouloud Fal ne venant qu'au second rang, ce qui laisse entendre que Abd El Karim tenait de lui le wird tidjane 6.

Le Pèlerinage

C'est également avec Abd El Karim qu'Omar voulut entreprendre le pèlerinage de La Mecqué. Selon une tradition familiale, il avait alors 25 ans, ce qui permettrait d'avancer pour l'année de départ, les dates de 1819-1820, ou 1821-1822 selon la date de naissance adoptée.
Abd El Karim n'ayant pu partir aussitôt, Omar l'attendit au Masina puis reçut la nouvelle de sa mort et se remit en route. Il avait reçu au Masina une hospitalité généreuse. A Hamdallahi, Cheikhou Ahmadou voulut un jour lui faire bénir ses enfants et petits-enfants. Quand vint le tour d'Ahmadou Ahmadou, ce dernier se mit à crier et refusa d'approcher. Son grand-père lui dit :
— Déjà, tu as peur de lui ? et il ajouta en s'adressant à
Omar : Je te recommande mon petit-fils.
Omar répondit :
— J'accepte à condition qu'il reste digne de ta recommandation 7.
Ahmadou Ahmadou, quoique musulman, devait en 1862 être battu et tué par El Hadj Omar qui s'empara de son royaume.

[Note. Lire la version de cette anecdote par Amadou Hampâté Bâ et J. Daget dans L'Empire peul du Macina. — Tierno S. Bah]

Puis, selon la même source, le pèlerin toucouleur poursuivit son chemin vers l'est. Il s'arrêta à Sokoto, où il fut bien reçu par l'émir Mohammadou Bello, et il y épousa deux femmes du pays qui I'accompagnèent à La Mecque. L'une d'elles fut la mère d'Ahmadou, lequel naquit à Sokoto en 1833, au retour du pèlerinage. Comme d'autre part Clapperton signale lors de son second voyage, la présence d'Omar à Sokoto en 1826, on peut penser que le séjour du voyageur se prolongea plusieurs années au pays Haoussa, et que son pèlerinage à La Mecque et son séjour en Orient se situent entre 1827 et 1832, ce qui correspondrait assez bien aux indications fournies par la tradition 8.
Dès son arrivée au pays de Sokoto, Omar s'était prévalu de sa lointaine parenté avec Mohammadou Bello ; il voit renforcer celle-ci par son mariage avec Maryam, fille du sultan : en quittant le pays Haoussa, Omar était un personnage. Enrichi par les dons de son beau-père, il était accompagné de quelques fidèles et d'une suite respectable de membres de sa famille et de serviteurs. On ne saurait donc l'imaginer arrivant aux Lieux Saints perdu parmi la foule, ni s'étonner qu'il ait été distingué, parmi tous les pèlerins, à la fois par un cheikh tidjane et par les docteurs d'Al Ahzar au Caire.
Il atteignit la mer Rouge, nous dit Tyam, par le pays des Touareg, le Fezzan et l'Egypte, affrontant la traversée du Sahara par la route normale du Tchad à la Tripolitaine. Son voyage se fit sans incidents graves et il parvint à La Mecque, sans doute en 1827.

Cette solennelle désignation mettait fin au long séjour d'Omar dans les Lieux Saints. Il alla donc en Egypte retrouver les siens. Au Caire, sa réputation l'avait précédé. Mais les cheikh d'Al-Ahzar étaient sceptiques : un Noir pouvait-il en savoir autant qu'eux ? Ils le convoquèrent pour l'interroger et sonder ses connaissances théologiques. La tradition rapporte qu'Omar répondit brillamment, triompha de tous les pièges et cloua la parole à ses contradicteurs qui s'inclinèrent devant sa science inspirée et sa mémoire sans défaut : il était non seulement capable de réciter entièrement le Coran, mais aussi de dire combien de fois chaque lettre y était représentée ; et il accomplissait le même tour de force pour le « Jawâhir-al-ma'ânî »,le livre sacré de la confrérie tidjane. Ce genre de performances nous paraît assez peu concluant mais à l'époque soulevait l'admiration ! Et, selon une Vie anonyme d'El Hadj Omar 9, Dieu aurait puni les interlocuteurs sceptiques du cheikh en les rendant provisoirement muets. Les légendes dorées de toutes les religions sont pleines de semblables prodiges. Après de tels miracles, Omar, ayant regroupé toute sa suite, pouvait dignement quitter l'Egypte.

[Note. A propos de la “négrophobie” orientale, lire la version de cette anecdote par Amadou Hampâté Bâ et J. Daget dans L'Empire peul du Macina. — Tierno S. Bah]

A la place du petit marabout foutanké qui s'était mis en route du lointain Occident de l'Afrique pour se rendre à La Mecque, revenait au Soudan un homme mûr et grave, instruit par ses lectures, ses conversations et ses nombreux voyages. Si la science de Dieu avait été sa principale préoccupation, on peut penser qu'il avait aussi gardé les yeux ouverts sur le monde profane. Et ses séjours en Egypte l'avaient certainement conduit à apprécier la poigne rude mais efficace d'un Méhémet Ali, qui avec un état-major de conseillers techniques étrangers, surtout français, unifiait, modernisait et agrandissait son pays. Ces Français, El Hadj Omar devait plus tard les retrouver à l'autre bout de l'Afrique, au Sénégal. Et son premier geste à leur égard serait de leur demander appui pour soumettre le Fouta, en échange de quoi il s'engageait à leur faciliter le commerce du Fleuve (1847). En 1854 encore, il fera augouverneur Protet des propositions d'alliance. Enfin, nous le verrons toute sa vie soucieux d'éviter un heurt direct avec eux, recommandant pareille prudence à son fils Ahmadou, qui suivra fidèlement le conseil paternel.
Une autre leçon dont on peut penser qu'il l'a rapportée de ses voyages, c'est l'idée d'organisation territoriale de ses futures conquêtes. Il a vu au Hedjaz les villes saintes et les pistes placées sous la protection et la surveillance des forteresses turques occupées par les garnisons égyptiennes. Il a pu aussi méditer lors de ses passages au Masina, l'exemple de la théocratie peule de Cheikhou Ahmadou et de son organisation administrative, fiscale et militaire. Enfin, auprès des successeurs d'Ousman dan Fodio, il a certaine:ment pris conscience de ce que peut obtenir la conjugaison d'une foi religieuse fervente, d'une ethnie belliqueuse et de certaines tendances égalitaires, sinon démocratiques. Mohammadou Bello a sûrement évoqué pour son gendre l'épopée mystique et guerrière des « porteurs d'étendards » attirant sous les plis de leurs emblèmes des masses de petites gens qui n'étaient pas tous, tant s'en faut, peul, haoussa, ou même musulmans. Omar put trouver aussi un précédent utile et une excuse absolutoire dans l'attitude d'Ousman dan Fodio réduisant à sa merci des souverains islamisés dont il jugeait la foi trop teintée de pratiques interdites ou de complicités animistes 10. Il s'en souviendra pour la conquête du Masina.
Mohammadou Bello insista aussi sur les liens de famille et de race. Il confia à El Hadj Omar, pour être remise aux grands du Fouta, une lettre dans laquelle « il mentionnait la lignée de ses ancêtres jusqu'au premier qui quitta le Fauta-Toro pour le Hawd et dont le nom était Moussa Djok-kollo. » 11
Dans un autre texte, l'émir de Sokoto rappelle que le mot « Tekrour » sert, en Orient et aux Lieux ,saints, à désigner tous les pays du Soudan où il y a des musulmans 12. C'est assez signifier que la présence de l'Islam est liée à celle des Toucouleur, et que le devoir de ceux-ci est de répandre la vraie foi.
Sans qu'on puisse trouver de liens plus étroits entre le Jihad d'Ousman dan Fodio et celui d'Omar, ces textes suffisent au moins à démontrer les relations ethniques et mystiques entre l'un et l'autre ; les encouragements à peine voilés de Mohammadou Bello allaient dans le sens de la mission divine du nouveau Hadj. Le lent retour d'Omar à travers l'Afrique de l'Ouest l'amena aussi certainement à considérer d'un oeil plus sévère et plus critique les pays et les populations traversés. Sa suite imposante et sa forte personnalité n'allaient pas sans inquiéter ses hôtes. Arrivé au Bornou, il fut d'abord bien reçu, puis le sultan chercha à le faire périr. Il échappa à la machination, circonstance jugée miraculeuse par ses compagnons, comme aussi le fait que le Bornou fut par la suite affligé, « en punition », d'une sécheresse prolongée.
Au Sokoto, il resta plusieurs années ; ce fut l'occasion d'y recruter des adeptes et d'acquérir d'assez nombreux esclaves haoussa, dont certains auront toute sa confiance et seront plus tard investis par lui de hautes charges militaires et administratives. Il participa avec Bello et son successeur Atiq (Attikou) à diverses expéditions guerrières. L'histoire du Sokoto rapporte qu'il y accomplit des miracles. Il sauva de la soif une expédition menée contre le Gober en faisant revenir par ses prières l'eau dans un pmts à sec ; il fit pleuvoir sur une ville assiégée par les « infidèles », sans qu'une seule goutte d'eau se perdît à l'extérieur des murailles… Enfin on était assuré qu'il recevait la visite nocturne de Cheikh Tidjani et du prophète Mohamed lui-même 13.
Il eut la surprise de voir arriver au pays Haoussa son propre frère Alfa Ahmadou, qui put utilement le renseigner sur ce qui se passait au Fouta.
Les bords du fleuve venaient d'être troublés par l'apparition d'un « prophète » toucouleur, Mohamadou Omar (1828-1830). La collusion des Français et des Almami avait finalement eu raison de lui. Mais ses premiers succès semblaient indiquer que les temps étaient mûrs et les esprits préparés.
C'est seulement en 1837ou en 1838, de toute façon après la mort de Bello, que le cheikh quitta le Sokoto, avec force présents, captifs et butin de guerre. Tout cela fit sur la route bien des envieux. Au Masina, Cheikhou Ahmadou, qui pouvait mesurer l'accroissement de puissance et d'envergure de l'homme depuis son précédent passage, prophétisa les heurts futurs. Omar n'échappa que par miracle à un complot des fils de l'émir. Autres dangers à Ségou, où le roi Tiefolo, prévenu contre lui, le fit arrêter ; puis la soeur du roi étant intervenue en sa faveur, il fut relâché. Tiefolo alla même jusqu'à lui faire des présents, tout en adressant au chef de Kangaba le conseil d'occire Omar au passage … Ce chef n'en fit rien — ou ne put rien faire —, et le cheikh toucouleur put séjourner trois mois, paisiblement, dans la petite ville des bords du Niger. Il y avait le choix entre deux directions : remonter vers le Sénégal et rentrer au Fouta-Toro, ou poursuivre au Sud-Est en direction du Fouta-Djalon.
On peut penser que la halte à Kangaba fut mise à profit pour se renseigner sur l'opportunité de l'un ou l'autre choix. Les émirats toucouleur du Sénégal étaient troublés et en état de guerre larvée avec les Français. El Hadj Omar renonça à y paraître. Il se dirigea vers Kankan, où l'importante famille des Kaba adopta le wird tidjane. Puis il gagna les hauts plateaux du Fouta-Djalon. A Koumbia, il se fit concéder par l'almami Omar le village de Dyegounko, dans le Kolen, à deux jours de marche de Timbo.

« Alors le cheikh sut qu'il avait atteint un endroit où s'arrêter pour combiner ses projets. » 14

Les bases de l'Islam tidjane dans le Fouta-Djalon : Dyegounko et Dinguiray

Dyegounko devint, sinon la première, du moins la plus importante zawiya tidjane en Afrique de l'Ouest. El Hadj Omar s'y installa, déjà auréolé d'un grand prestige, en 1840 ou 1841. Selon Mage, qui, rappelons-le, recueillit son récit de la bouche même des compagnons du prophète, il y combina la prédication religieuse et un fructueux enrichissement. Les disciples arrivaient assez nombreux, pas assez toutefois à son gré. Omar les endoctrinaient, mais les utilisait aussi à de fructueuses opérations commerciales avec les comptoirs européens de la côte, Sierra Leone, Rio Pongo, Rio Nunez, où il se procurait des armes et de la poudre en échange d'or, d'esclaves et d'objets de piété, amulettes, chapelets rapportés des Lieux Saints ou sanctifiés par sa bénédiction, et dont les musulmans sont friands. Il chercha aussi, mais sans grand succès, à jouer un rôle d'arbitre dans l'incessant conflit qui opposait les deux dynasties peul du Fouta-Djalon, les Alfaya et les Soriya. Sa médiation fut rejetée par l'almami Omar (Soriya).

« Ce qu'il y a entre nous, c'est une question d'honneur depuis le commencement ; c'est une affaire qui remonte au temps de nos ancêtres, entre Soriya et Alfaya. » 15

Malgré sa réputation de sainteté, El Hadj Omar n'était encore ni assez influent, ni assez puissant pour interrompre une vendetta familiale aussi solidement établie.
Le séjour à Dyegounko fut également mis à profit d'une autre manière, plus conforme a la vocation spirtuelle du personnage. C'est là en effet, vers 1844-1845, qu'il rédigea en arabe son livre doctrinal : Ar Rima (Les Lances). Cet ouvrage est encore aujourd'hui aux mains de tous les talibés tidjanes instruits ; on a pu y voir, le principal ouvrage mystique de l'Afrique noire musulmane. Le cheikh y enonce une série d'idées fondamentales, qu'il prouve ensuite par de nombreuses citations tirées de divers auteurs, dont l'inspiration générale procède du soufisme.
La voie tidjane y est définie comme la meilleure — mais non la seule — pour atteindre à une connaissance approfondie de Dieu, et le tidjane doit se garder d'en suivre une autre. Le disciple, ou talibé, ne peut atteindre à cette illumination divine que par l'intermédiaire d'un guide :

« Tout sage qui désire se délivrer tôt ou tard de ses mauvais penchants doit se faire guider par un cheikh, directeur spirituel très instruit, ayant une profonde connaissance de ses défauts et de leurs remèdes. Il se fera diriger par lui et se pliera à ses ordres avec une parfaite obéissance. » 16
« … Le disciple doit être à la disposition de son cheikh au même titre que le cadavre est à la disposition du laveur. » 17

Comme tous les fondateurs de confréries et d'ordres, Omar recommande à ses disciples la réflexion spirituelle, au cours d'une retraite prolongée et guidée, une sorte de noviciat. Il prône l'ascétisme intérieur, celui qui consiste moins

« dans le fait de renoncer au monde, que de s'en vider le coeur … » 18

Mais l'ascèse ne signifie pas pauvreté et indifférence absolue au

« car celui qui n'a pas de revenus se fait entretenir par les autres, ressemble aux femmes et n'a aucun titre à la virilité. » 19

Lui-même saura s'appliquer cette formule, accumulant de grandes richesses, mais les utilisant pour le but sacré qu'il s'est fixé, et non pour la satisfaction de ses appétits personnels. L'essentiel est la connaissance de Dieu. Pour parvenir à cette gnose, le tidjane doit aussi se plier aux préceptes coraniques et au wird particulier de la secte. Les prières, leur rythme, leur répétition, le costume et les attitudes du corps pendant leur récitation sont strictement codifiés 20. Par de nombreux exemples tirés de divers ouvrages d'inspiration soufite, Omar démontre que la répétition assidue de certaines pieuses formules peut amener le fidèle à voir, en songe ou à l'état de veille, le fondateur de la confrérie ou même le Prophète 21. Pratiques et certitude communes à tous les mysticismes, mais qui devaient rendre un son assez nouveau en Afrique noire ; et Omar insite sur le fait que lui-même et certains des siens ont été favorisés de semblables visions, que beaucoup ont rêvé qu'ils le voyaient en compagnie de Cheikh Tidjani et du Prophète, preuves évidentes du caractère divin de sa mission 22. Il insiste également sur la différence fondamentale qui existe entre le khalife de la confrérie, successeur du fondateur, et les simples moqqadem, ou délégués, auxquels ne sont transmis qu'une partie des pouvoirs 23.
Ne disposant pas d'imprimerie, El Hadj Omar employa certainement ses talibé les plus instruits à copier Ar Rimah en assez nombreux exemplaires, car il en distribua aux principaux notables du Fouta sénégalais lors de son passage en 1846-1847.
La tournée de propagande qu'El Hadj Omar entreprit à la fin de 1845 semble bien avoir coïncidé avec l'achèvement d'Ar Rimah et le désir de répandre personnellement les préceptes d'une doctrine maintenant mûrie et bien mise au point. Dyegounko ne recevait plus assez de nouveaux talibé ; les Almami du Fouta-Djalon commençaient à s'inquiéter de la présence de ce personnage qui faisait profession de mépriser les rois mais tentait de s'immiscer dans leurs affaires. Omar fut naturellement attiré dans la direction de son pays natal, le Fouta-Toro, où le calme semblait revenu après les guerres contre les Bambara et l'expédition française de Cascas. Il décida d'y aller recruter de nouveaux adeptes, et certainement aussi d'y tâter le terrain pour y instituer son pouvoir. Il se mit en route à la saison sèche de 1845-1846 24.

« Ceux qui ont fait l'exode de Dyegounko vers le Boundou, jusqu'à Dinguiray, Nioro et Ségou, pardonne, ô Toi qui ne mourras pas, à tous ceux d'entre eux qui sont morts. Ceux qui sont vivants, donne-leur Ta grâce ; lorsque seront terminés leurs souffles, pardon ô Toi à qui rien n'est impossible.
Il partit, il traverse le Fouta-Djalon, se dirigeant vers le Gabou, jusqu'à Boké 25, jusqu'au Saloum. Le Baol aussi fut atteint. Il marcha vers le Kayor, vers le Dyellis et vers notre Oualo, celui des Brak ; étant entré dans le Toro, à Halwar il fut de nouveau mis pied à terre. L'aller et retour du pèlerinage du cheikh le compte en est de vingt années complètes. » 26

Ainsi le chroniqueur toucouleur résume-t-il la première partie de ce long voyage qui ramenait après vingt annees (et sans doute davantage), Omar Saïdou Tall dans son pays natal. Les pertes durent être sévères, à travers des pays beaucoup plus boisé qu'aujourd'hui, d'abord montagneux, puis dans une basse region coupée de nombreuses rivières jusqu'au-delà du Saloum. On montre encore dans la région de Nioro-du-Rip aux confins du Sénégal et de la Gambie, les cases où El Hadj Omar passa la nuit et que la ferveur des Toucouleur a conservées pieusement.
Par le Baol et le Kayor, encore en grande partie animistes Omar atteignit les rives du Sénégal. Selon un document français tardif, il serait venu à Saint-Louis, au milieu de l'enthousiasme de la population 27. Bien que ce renseignement n'ait pu être confirmé 28, il n'a rien que de plausible, et rien ne s'opposait à ce qu'El Hadj Omar, visiteur pacifique, séjournât à Saint-Louis.
L'influence de ses idées sur les musulmans de la ville sera souvent plus tard un grave sujet d'inquiétude pour les Français. Il n'y aurait rien d'anormal à ce que cette influence soit née de ce contact direct ; et Omar était d'autant plus attiré par Saint-Louis que la ville la plus peuplée de tout le pays semblait en mesure de lui fournir de nombreux adeptes.
Sa présence dans la capitale de la colonie ou ses abords immédiats ne semble pas avoir préoccupé sérieusement les autorités françaises. La première tournée de prédication d'Omar fut en effet fort paisible, et le personnage semblait certainement plus rassurant que son inquiétant précurseur Mohamadou Omar. Le cheikh tidjane s'employa d'ailleurs habilement à tranquilliser les Français. En 1846, il eut au village de Donnay, près de Podor, un entretien cordial avec le commandant Caille, alors directeur du service des Affaires extérieures du Sénégal. L'impression fut bonne.
En même temps, il intensifiait sa propagande auprès de ses compatriotes. Il serait facile de rappeler ici, et on n'a pas manqué de le faire, un proverbe connu. Si la visite du nouveau prophète dans son pays natal ne se traduisit pas par un échec total, Omar dut se contenter d'un demi-succès. Il s'était fait précéder d'un de ses « clients », le dyawanɗo Osman Samba Dyéwo, qui annonça sa venue aux notables du pays toucouleur. Ceux-ci ne furent que médiocrement séduits par la perspective d'abandonner leurs terres pour aller se faire endoctriner à Dyegounko et courir l'aventure Dieu sait où. Cependant, El Hadj Seydou Nourou Tall cite parmi les nouveaux talibé quelques grands personnages, des nobles instruits, alfa et tyerno, comme Alfa Oumar Tyerno Baila, qui sera le meilleur lieutenant du cheikh, Alfa Oumar Tyerno Mollé du Bosséa, Alfa Abbas, du Bosséa, Tyerno Ahmadou Dieylia du N'guénar. Le fait même qu'on ait retenu précisément les noms de ces premiers ralliés, dont il fit ses moqqadem, montre qu'ils n'etaient pas très nombreux. Comme c'était à prévoir, les jeunes gens, que le système patriarcal écartait des hautes fonctions et laissait sous la dépendance matérielle de leurs aînés, répondirent plus nombreux à son appel. Il avait pris le pouls de ce Fouta fiévreux où sa fortune nouvelle lui valait plus d'envie et de suspicion que de popularité. Un peu déçu, il passa sur la rive droite du fleuve et prit la direction du Gadiaga, à l'est.
Aux environs de Bakel il eut au début d'août 1847 une importante entrevue avec le gouverneur du Sénégal, Bourdon de Gramont alors en tournée d'inspection. La scène nous est rapportée par Paul Holle, qui en fut le témoin, et prête à Omar les paroles que voici :

« Je suis l'ami des Blancs, je veux la paix, je déteste l'injustice. Quand un chrétien a payé la coutume, il doit pouvoir commercer en toute sécurité. Lorsque je serai almami du Fauta vous devriez me construire un fort, je disciplinerais le pays, et des relations complètement amicales s'établiraient entre vous et moi.
On lui fit quelques vagues promesses, ajoute Paul Holle ; on ne le redoutait pas ; on le laissa regagner le Boundou et le Fouta-Djalon. » 29

Puis, par le Boundou, où il reçut assez bon accueil de l'émir, le Niokolo et la Haute-Gambie, il regagna Dyégounko. Sa troupe s'était étoffée, sa prédication, selon Tyam, n'avait pas été vaine :

« un groupe sortit du pays, pour s'attacher à notre cheikh, des gens qui ont renoncé à mère et père, qui ont choisi d'aller vers le Paradis … »

Mais les résultats étaient médiocres 30 : trait de ressemblance avec les premières tentatives du prophète Mohamed, auquel désormais il comparera sa vie et ses actions.
Il arriva à Dyégounko en pleine saison des pluies. A la saison sèche suivante, le moment lui parut propice à organiser une nouvelle base dans une position plus commode et moins subalterne. C'est alors qu'il s'installa à Dinguiray (printemps 1849). Pour Omar, Dyégounko avait été La Mecque : il y avait commencé sa prédication. Mais la trop grande proximité de Timbo était gênante : l'almami Omar le voyait d'un mauvais oeil et menaçait de lui susciter des difficultés. Le choix s'imposait donc, d'une autre localité qui serait la « Médine » où il préparerait sa prédication et la guerre sainte à laquelle il songeait de plus en plus sérieusement. Il négocia auprès du roi de Tamba, Yimba Sakho, l'achat du village de Dinguiray, et pour en être le maître incontesté, le paya en or. Le village se développa : Toucouleur, Peul, Dyalonké fraîchement convertis s'y assemblèrent, attirés par la réputation, de sainteté et de générosité du cheikh tidjane. De plus, dans cette Afrique de l'Ouest où régnaient l'esclavage et le servage, toute nouvelle autorité politique voyait venir à elle nombre; de captifs en rupture de ban ; la population de Dinguiray atteignit assez huit à dix mille personnes. On put ainsi disposer d'une abondante main-d'oeuvre pour donner à la ville les deux monuments indispensables à sa securité et à sa piété : un immense tata et une grande mosquée. Composée de plusieurs quartiers, Dinguiray s'étendait au milieu d'un cirque de hauteurs ; une muraille continue, antérieure à l'arrivée d'Omar l'entourait, mais s'avérait peu défendable. Au centre de l'agglomeration, le cheikh fit édifter une nouvelle et puissante forteresse :

« Ce tata comportait trois enceintes : la première, de forme sensiblement elliptique, et de 1 800 mètres environ de développement, était constituée par un mur crénelé, en pierre et mortier de 4 mètres de hauteur. La deuxième et la plus importante, de 6 mètres de hauteur, octogone irrégulier de côtés de 100 à 150 mètres, et dont chaque angle était muni d'une tourelle débordante à plusieurs étages, ce qui assurait un flanquement effectif. La troisième enceinte, de 6 mètres de hauteur également, épousait en partie le tracé de la seconde sur les faces les plus exposées, pour les doubler, en ménageant entre elles deux un chemin de ronde protégé de 40 mètres à 60 mètres de largeur. » 31

Quant à la mosquée, elle empruntait son style aux cases peul du Fouta-Djalon, rondes avec un toit de paille conique et enveloppant. Mais par ses proportions, — son toit avait seize mètres de haut et quarante mètres de diamètre à la base — elle inspirait l'admiration. Elle est restée, de nos jours, à peu près dans l'état de sa construction, et constitue un des hauts lieux de l'Islam tidjane.
L'importance de ces constructions montrait bien l'intention du fondateur de faire de Dinguiray une place imprenable et un grand centre religieux. Son rayonnement s'accrut ; de nouveaux adeptes affluèrent. Omar eut quelque difficulté à maintenir la bonne entente entre les nouveaux convertis et ses plus anciens compagnons. Il chercha alors à accroître la proportion de Toucouleur parmi ses talibé en confiant à Alfa Oumar Baïla une nouvelle campagne de recrutement au Fouta-Toro. Puis, les premiers renforts lui étant arrivés, il détourna de leurs querelles l'attention des siens, pour la fixer sur les problèmes extérieurs les plus urgents, plus particulièrement la lutte contre Yimba Sakho 32. Le roi païen de Tamba devenait menaçant et avait prononcé une première attaque contre Dinguiray. Omar dirigea ses forces vers Tamba. La date de cette action est controversée. Certains la fixent en 1849, ce qui est manifestement trop tôt. Delafosse repousse l'événement jusqu'en 1854 ou 1855, ce qui est proprement inacceptable et formellement contredit par Tyam. Il semble qu'on puisse accepter 1852, que nous donne J. Salenc ; au plus tôt, 1851, car il avait bien fallu deux ans pour edifier les constructions défensives de Dinguiray.

Bien que Yimba Sakho eût obtenu l'alliance de ses voisins, dont Bandyougou, le roi du Ménien, il ne put résister à Omar qui envahit ses Etats et investit Tamba. Après quatre mois de siège, et l'échec d'une colonne de secours envoyée par Bandyougou, la ville fut prise d'assaut, avec l'aide de complicités actives dans la place 33. Yimba Sakho obtint d'ailleurs la vie sauve en déclarant vouloir se convertir à l'Islam. El Hadj Omar le laissa en liberté avec un talibé sarrakolé pour l'instruire. Mais Yimba ne tarda pas à jeter le masque : il s'empara de son mentor et l'emmena prisonnier au Menien dont il espérait se rendre le maître. Le roi du Menien, Bandyougou, prévenu du danger, fit exécuter Yimba, mais refusa de rendre à Omar le prisonnier musulman que l'ex-chef de Tamba avait emmené de force avec lui. El Hadj Omar marcha alors sur le Menien et s'empara de sa capitale Goudfé. Bandyougou fut tué. Le cheikh toucouleur disposait, par cette dernière conquête, de l'accès aux mines d'or du Bouré, et la possession de Tamba lui donnait prise sur la vallée du Bafing — cours supérieur du Sénégal — essentielle pour ses relations avec le Fouta-Toro. Déjà en arrivaient de nombreuses recrues de la tournée d'Alfa Oumar Baïla. Il en installa un certain nombre à Tamba, dont il changea le nom en Dabatou, un des surnoms de Médine. L'assimilation de son aventure à la glorieuse épopée de Mohamed continuait : c'était un argument de poids auprès de ses compagnons. Les victoires de Tamba et de Goudfé, l'or du Bouré, la munificence et les générosités d'Omar répandaient son nom à travers les pays du Haut-Sénégal. Le 23 avril 1853, le commandant du fort français de Bakel, Rey, écrivait au gouverneur Protet :

« Vous savez, Monsieur le Gouverneur, que ce chef marabout a quitté le Fouta-Djalon pour mettre à exécution son projet de conquête au nom du Koran. Il suit les bords du Sénégal. Dans sa route, il a opéré l'importante prise du village de Tamba. Cette conquête lui a fait un nom immense remplissant toutes les bouches du haut pays. Ses envoyés sont répandus partout, prêchant en sa faveur. Une masse considérable de population, emportant ses effets et ses armes, se dirige sur le Tamba. Chaque village fournit un contingent qui deviendra considérable. Il est partout considéré comme un Messie musulman. Il est probable qu'avant deux ans, il sera maître des rives du Sénégal. Ses envoyés prêchent beaucoup en faveur des Blancs. Alhadji, en grand politique, cherchera sans doute à s'appuyer sur nous. Il a besoin d'armes et de munitions ; il cherche à s'approcher autant que possible de nos comptoirs … » 34

C'était voir juste et clair ; les événements allaient confirmer en grande partie les prévisions de Rey.

Notes
1. Mohammadou Aliou Tyam, Qacida d'El Hadj Omar, traduite par H. Gaden, versets 15 à 17, Paris, Institut d'Ethnologie, 1935.
2. Diallo Thierno, M'bara M'backé, Mirjana Thifkovic et Boubacar Barry. Catalogue des manuscrits de l'I.F.A.N. Fonds Vieillard, Gaden, Briévé, Figaret, Shaykh Mousa Kamara et Gremer, en langues arabe, peule et voltaïques, 1966, Dakar.
3. Sokhna : nom réservé aux femmes de marabouts.
4. M. A. Tyam, op. cit., verset 19.
5. E. Mage, Voyage au Soudan Occidental, p. 232, Paris, Hachette, 1868.
6. Des traditions locales montrent aussi Omar étudiant à Pire, au Kayor, auprès d'un théologien célèbre.
7. Tradition transmise par El Hadj Seydou Nourou Tall, petit-fils d'Omar. Fonds Gaden. I.F.A.N. Fouta-Toro-A. Cahier no 17. Feuillet 1 I.F.A.N. Dakar.
8. Il est très difficile de voir clair dans la chronologie de cette période, d'autant plus qu'on n'est pas d'accord sur la date de naissance d'Omar, ni sur la durée exacte de ses séjours à Sokoto. Tyam rapporte qu'à son retour de la Mecque, El Hadj Omar y resta sept ans. El Hadj Seydou Nourou TALL réduit cette durée à quatre. Qui croire ? le compagnon ou le petit-fils du Cheikh ? Mage, lui, reste muet …
9. Fonds Brévié, Cahier n° 10, I .F.A.N. Dakar.
10. Ousman dan Fodio, Wathigat ahl-al-Sudan, paragraphe XIV : « Ç'est un devoir de conscience de faire la guerre aux rois qui ont apostasié l'Islam, à ceux mêlant les observances de l'Islam aux pratiques du paganisme ; c'est un devoir de conscience de les chasser du pouvoir. »
11. Shaykh Moussa Kamara, Tarikh des YalalBé … etc., feuillet 41, verso, Fonds Moussa Kamara, I.F.A.N., Dakar
12. Mohammadou Bello, Histoire des Haoussa, Fonds Brevié, cahier 26, IFAN, Dakar.
13. El Hadj Saïdou, Histoire de Sokoto, traduction Houdas, p. 308 à 328.
14. In “Manuscrit peul Vieillard”. I.F.A.N. Dakar. Traduction Barry. Fouta-Djalon f° 42.
15. Ar Rimah, traduction Puech, chapitre X.
16. Id. chapitre XVIII.
17. Id. chapitre V.
18. Id., ibid.
19. Le livre de J.C. Froelich, Les Musulmans d'Afrique noire, donne en annexe le détail de ces pratiques p. 335 à 344. Editions de l'Orante, Paris, 1962.
20. Ar Rimah, chapitre XXXI.
21. Id. chapitre XXIX.
22. Id. ibid.
23. Id. ibid.
24. Tyam nous dit qu'il passa quatre saisons de pluies à Dyegounko. Il partit donc à la fin de 1845 ou au tout début de 1846.
25. Localité située à l'ouest de Kolda (Haute Casamance), à ne pas confondre avec Boké, ou Déboké, sur le Rio Nunez (Guinée).
26. Tyam, op. cit., versets 130 à 134.
27. Archives du Sénégal, note sur El Hadj Omar, 1/G 63, 1878.
28. Il n'y a rien à ce sujet dans les textes français. Mais mon ami, M. Oumar Ba, m'a garanti l'authenticité de cette tradition ; El Hadj Omar profita de son passage à Saint-Louis pour consacrer l'emplacement d'une mosquee qui existe toujours.
29. Carrère et Holle. De la Sénégambie française. Paris, Didot, 1855, p. 195-196.
30. Selon certaines traditions, il avait lancé un début de Guerre Sainte contre les païens du Tenda, du Dentilia et du Bambouk ; l'insuffisance de ses forces le contraignit à y renoncer et à infléchir sa marche vers le Sud-Ouest pour regagner sa base.
31. Lieutenant Bouchez. “Historique de Dinguiray”, dans Bulletin du Comité de l'Afrique Française, n° 7 1913.
32. Tyam, op. cit., versets 150 à 157.
33. Tarikh anonyme d'El Hadj Omar, Fonds Brévié II, cahier n° 10. I.F.A.N., Dakar.
34. Archives du Sénégal, 13 G 166. Rapport mensuel du Commandant de Bakel, avril 1853, p. 5. On remarquera la date à laquelle Rey informe son chef de la prise de Tamba. Cela ne permet guère de la situer plus tôt que 1852.

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