Paris. Actes Sud. 1994. 400 p.
Tout au long d'Amkoullel l'enfant peul, Amadou Hampâté Bâ nous a fait cheminer avec lui sur les routes de son enfance et de son adolescence, dans un monde où s'installait peu à peu la présence française tandis que les cultures traditionnelles s'efforçaient de survivre.
Il nous a fait partager ses aventures et ses découvertes, cocasses ou dramatiques, nous a dévoilé la vie des associations enfantines et entraînés avec lui à “l'école des Blancs”, déroulant pour nous au fil des jours le tableau de toute une époque saisie sur le vif tandis que revivaient devant nos yeux les personnages d'exception qui ont marqué ses jeunes années : sa mère, l'intrépide et courageuse Kadidja, son père adoptif Tidjani Thiam, ancien roi condamné à l'exil, Koullel, le grand “maître de la parole” dont il a reçu son surnom, et enfin Tierno Bokar, qui deviendra plus tard son maître spirituel.
A la fin de l'ouvrage, il est âgé de vingt-deux ans. Sa mère lui ayant interdit de rejoindre l'Ecole normale de Gorée (Sénégal) où il a été admis, il ne rejoint pas le groupe des élèves en partance. Pour le punir de son indiscipline, le gouverneur du Soudan français (Mali) l'affecte d'office loin de son pays, en Haute-Volta (Burkina-Faso), avec le titre enviable d'“écrivain temporaire essentiellement précaire et révocable”… Un garde est même chargé de l'accompagner pour veiller à ce qu'il ne s'échappe pas en route !
Après un dernier adieu à sa mère sur les rives du fleuve Niger, Amkoullel s'embarque, avec son garde, sur la pirogue qui le conduit vers l'est, vers le pays inconnu où l'attend “la grande aventure de sa vie d'homme”. C'est là que nous le retrouvons au début du présent ouvrage.