Paris. Actes Sud. 1991. 409 p.
Amadou Hampâté Bâ est né vers 1900 à Bandiagara (Mali) et mort le 15 mai 1991 à Abidjan, trois mois avant la parution de ses mémoires aux éditions Actes Sud. Au Conseil exécutif de l'Unesco où il siégeait et à travers ses différents ouvrages, toujours consacrés à la tradition et aux civilisations africaines, il s'est rendu célèbre pour son inlassable activité au service des cultures orales.
Lire également Muriel Devey. Amadu Hampaate Baa : l'homme de la tradition. [T.S. Bah]
Le point de vue des éditeurs
« En Afrique, quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle. » Cette sentence dAmadou Hampâté Bâ, que d'aucuns croyaient un proverbe de vieille tradition, prend une résonance particulière au moment où paraît ce livre de mémoires.
Amkoullel, c'est le surnom que portait le jeune Hampâté Bâ quand, au début de ce siècle, il s'initiait aux traditions familiales séculaires. Fréquentant l'école française en même temps que la coranique, courant la savane alors que des proches partaient pour une guerre lointaine (la Première Guerre mondiale), à l'écoute des grands maîtres de la parole, il devenait lui-même, à son insu, l'un des futurs garants et dépositaires d'une civilisation orale en pleine mutation.
Le regard d'Hampâté Bâ est d'abord celui, plein d'humour, d'un Africain à la fascinante mémoire. “Oralité couchée sur le papier”, se plaisait-il à dire. Mais ce regard est aussi celui d'un écrivain d'envergure : les récits, nourris par une culture multiple, un verbe haut et un itinéraire spirituel d'exception, convergent en effet pour donner un de ces “grands fleuves du dire” qui enrichissent le patrimoine mondial, et où les passionnés de littérature, les spécialistes et les amateurs de témoignages vécus trouveront des réponses inédites aux questions que l'Afrique leur pose aujourd'hui.